Une crise sanitaire aux fortes implications politiques
Roxana Vasile, 08.05.2020, 12:32
En Roumanie, l’actuelle crise
sanitaire causée par le coronavirus est doublée par une crise politique, qui
n’est pas une nouveauté, en fait. Pour rappel, l’automne dernier, les
sociaux-démocrates ont dû quitter le pouvoir suite à une motion de censure
déposée par l’opposition. Depuis, un gouvernement libéral est à la tête du pays
et il est soutenu par un président issu du même parti. Si la pandémie de
coronavirus n’avait pas frappé le pays, des élections locales auraient eu lieu
ce printemps et peut-être des élections législatives anticipées aussi. Ces
dernières étaient vivement demandées par le chef de l’Etat afin de remplacer ce
qu’il a appelé « la majorité sociale-démocrate toxique» du Parlement.
Comme ces deux derniers mois ont
été dominés par la bataille contre le coronavirus, la lutte entre le pouvoir et
l’opposition est passée au second plan. Cette semaine, pourtant, elle refait
surface, sur toile de fond d’une décision de la Cour Constitutionnelle de la Roumanie : les droits fondamentaux
de l’homme ne peuvent pas être limités par un décret d’urgence gouvernemental,
d’où le caractère non constitutionnel des amendes appliquées par la police à
ceux qui n’ont pas respecté les restrictions imposées pendant l’état d’urgence.
En l’absence de ces amendes, le
nombre des décès causés par le Covid-19 aurait été beaucoup plus élevé, insiste,
de son côté, le président Klaus Iohannis : « Il est complètement surprenant
qu’aujourd’hui les sanctions soient discutables ; alors qu’il est évident
pour nous tous qu’elles ont servi à empêcher la propagation du virus. Je trouve
tout aussi surprenante la perspective de certaines autorités qui, par leur
mission ou par leur nature juridique, ont l’obligation constitutionnelle de ne
pas perdre de vue l’intérêt général de la société, au moment où elles prennent
des décisions. »
En même temps, le président a
pointé du doigt le Parti Social – Démocrate (PSD), qui, à son avis, a fait un travail « carrément
toxique » au Parlement, restant « la même formation politique dont la
seule préoccupation est de sauver ses barons (locaux) ».
La contre-attaque des
sociaux-démocrates n’a pas tardé. Le comportement du chef de l’Etat a, selon
eux, des aspects dictatoriaux, vu qu’ « il doit avoir toujours
raison » et qu’il ne cesse d’ « attaquer des institutions
fondamentales de l’Etat ».
Le leader par intérim du PSD,
Marcel Ciolacu renchérit : « Le gouvernement a perdu sa crédibilité
et il a cessé d’emprunter de l’argent. Bientôt, le gouvernement n’aura plus
d’argent pour payer les salaires et les retraites. Bien que les Roumains soient
confrontés quotidiennement à ces problèmes, Iohannis ne parle pas d’un projet de
relance économique. Il ne parle que du PSD. A chaque à chaque intervention
publique. Cela fait 6 mois déjà que le PNL est à la gouvernance et le PSD est
dans l’opposition ! Arrêtez d’accuser les autres ! Vous avez tout le
pouvoir entre vos mains – vous gouvernez, vous prenez des mesures pour les
Roumains ! ».
Voilà, donc, que la crise
sanitaire de coronavirus a des implications multiples dans la vie sociale et
politique de la Roumanie. (Trad. Valentina Beleavski)