Un scandale, deux démissions
Ştefan Stoica, 17.07.2023, 11:36
D’ailleurs ce n’est
pas pour la première fois que des autorités qui avaient fait la sourde oreille
face à des situations qui n’auraient dû jamais se produire, se mobilisent sous commande
politique. La semaine dernière, des contrôles ont été démarrés dans tous les
centres sociaux du pays accueillant personnes âgées, adultes à handicap et
enfants. Déjà, plus de 2 600 centres ont été examinés, dont 30 ont été fermés
et 36 ont vu leur activité suspendue. Suite à ces démarches, deux centaines de
résidents ont été déplacés dans d’autres centres et quelques dizaines ont été
hospitalisées pour recevoir de meilleurs soins médicaux.
Parallèlement,
des examens médico-légaux ont été menés pour environ cent personnes âgées qui
logeaient dans les centres d’Iflov, où les abus ont été dépistés, dans une
tentative de confirmer les accusations de maltraitance. Plusieurs enquêtes
pénales ont déjà été lancées et deux inspecteurs de l’Agence départementale
pour les paiements et de l’Inspection sociale d’Ilfov ont été retenus.
Le scandale des foyers
dits « de la terreur » a fait la Une de la presse roumaine et
internationale, cette dernière se rappelant tout de suite des orphelinats
roumains découverts juste après la chute de la dictature communiste.
Un si grand
scandale n’est pas resté sans conséquences politiques. Le premier à présenter
sa démission a été le ministre du Travail, Marius Budăi. Personnage moins visible
sur la scène politique de Roumanie, il avait détenu la même fonction au sein du
cabinet du libéral Nicolae Ciuca (qui vient de céder sa place au social-démocrate
Marcel Ciolacu, comme convenu par la coalition à la gouvernance). Par contre, le
second fauteuil de ministre qui a dû être libéré, était occupé par une personnalité
importante du paysage politique roumain, très connue et très visible. Il s’agit
de Gabriela Firea, ancienne édile en chef de la capitale, qui occupait le poste
de ministre de la Famille, de la jeunesse et de l’égalité des chances. Au moment
où ce scandale a éclaté, elle était aussi à la tête de l’organisation de Bucarest
du PSD. Vendredi dernier, elle a quitté son poste de ministre, s’est suspendue de
ses fonctions au sein du parti, mais a nié tout lien avec le dossier de la maltraitance
dans les foyers. Plus encore, Gabriela Firea a dénoncé une attaque concertée à
son encontre, pour des raisons politiques.
Néanmoins, plusieurs
données évidentes lui sont défavorables : la ville de Voluntari – où les
abus ont été dépistés – est gérée depuis deux décennies déjà par son mari. Une
des sœurs de Mme Firea a été à la tête du système d’assistance social d’Ilfov,
alors que le chef des « foyers de la terreur » avait été son chauffeur
personnel entre 2016 et 2020, lorsqu’elle était édile en chef de Bucarest.
Dans un message
sur les réseaux sociaux, le premier ministre Marcel Ciolacu a apprécié la décision
de Gabriela Firea de faire un pas en arrière, tout en précisant être sûr qu’en
sa qualité de ministre, elle n’avait aucune liaison avec les maisons de
retraite en question. Et bien qu’à l’heure où l’on parle, ce scandale coûte
très cher au PSD, notamment en termes d’image, les analystes estiment que toute
cette historie profite à Marcel Ciolacu. Celui-ci craint, parait-il, un
concurrent vigoureux à la tête du parti, comme Mme Firea s’annonçait si elle revenait
à la mairie de la capitale et qui était d’ailleurs en tête des sondages d’opinion.
Or, désormais, sa candidature est pour le moins problématique, sinon improbable.
(Trad. Valentina Beleavski)