Un gouvernement « au-delà de tout orgueil »
Roxana Vasile, 26.11.2021, 12:14
Après environ 3 mois de crise politique, la Roumanie a un
nouveau gouvernement à pleins pouvoirs depuis ce jeudi. Une coalition que même
les analystes les plus expérimentés n’avaient pas anticipée. Rappelons-le, à l’automne 2019, sous la pression des
manifestations, le cabinet dirigé par la social-démocrate Viorica Dancila était
destitué par motion de censure. A ce moment-là, le Parti National Libéral (PNL),
encouragé d’une manière plus ou moins évidente par le chef de l’Etat, Klaus
Iohannis, s’est donné pour mission de garder son adversaire politique déclaré,
le Parti Social-Démocrate (PSD), dans l’opposition pendant au moins deux mandats
législatifs. Il l’a réussi en décembre 2020, mais pas en remportant le scrutin législatif,
mais en réussissant, du haut de sa 2e place, à former une majorité
parlementaire avec le numéro trois du Parlement – l’Union sauvez la Roumanie, (USR)
– et le numéro 5 – l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR). N’ayant pas
réussi à former une majorité pour proposer un gouvernement, les sociaux-démocrates
ont dû se contenter d’avoir le plus grand nombre de mandats au sein du Législatif,
devenant la nouvelle opposition. Depuis décembre 2020, ils attendaient une
opportunité de revenir au pouvoir.
Et ils ont dû attendre moins d’une année, car en septembre
dernier, vivement mécontents du premier ministre libéral Florin Cîtu, les
ministres de l’USR ont quitté la gouvernance et ont déposé une motion de
censure contre celui-ci. Vu que cette motion tardait d’être validée par Cour
Constitutionnelle, quelques semaines plus tard, l’USR a voté la motion déposée
contre le gouvernement par le PSD. Ce fut la fin du cabinet de Florin Cîtu.
Suivirent deux mois de négociations, avec deux tentatives échouées de former un
gouvernement minoritaire, premièrement par le leader de l’USR, Dacian Ciolos,
puis par le libéral Nicoale Ciuca. Aucun des deux n’a réussi à convaincre les
autres partis à voter son cabinet minoritaire. Pendant tout ce temps, le PSD
demandait haut et fort l’organisation d’élections législatives anticipées et refusait
toute association avec les libéraux ou l’USR.
Si au début, le PNL ne souhaitait pas non plus discuter
avec l’opposition, il a fini par lancer des négociations avec les sociaux-démocrates,
avec l’appui de l’UDMR et des représentants des minorités nationales. De l’avis
du chef libéral, Florin Cîtu, c’était la seule solution pour obtenir la majorité
requise pour voter un cabinet et sortir de l’impasse. Après d’amples négociations
concernant le partage des ministères et le poste de premier ministre, le gouvernement
de la nouvelle coalition entre le PNL, le PSD, l’UDMR et les minorités nationales,
ayant à sa tête, pour commencer, le libéral Nicolae Ciuca, a été validé par le
Parlement et a prêté serrement ce jeudi. On a désormais ce que l’on appelle le
gouvernement d’une « majorité confortable » qui se vante avoir « laissé
tous les orgueils de côté » au bénéfice de la nation.
A cette occasion, le président Klaus Iohannis a précisé :
« La population en a eu assez des crises et des promesses. Les gens veulent
voir des actions, des résultats. Je vous invite à leur en livrer ».
De son côté, le général d’armé en réserve, le nouveau
premier ministre Nicolae Ciuca a promis : « Nous nous engageons à
faire tout ce qui dépend de nous pour améliorer la situation économique,
sociale et sanitaire de la Roumanie. Nous avons bien compris que l’intérêt des Roumains
est plus grand que tout orgueil et toute adversité politique ».
C’est toujours des orgueils du passé qu’a parlé le chef
de file du PSD, Marcel Ciolacu, sans oublier de mentionner les priorités pour stabiliser
la Roumanie. Parmi elles : « On va augmenter les allocations familiales,
les pensions de retraite, le SMIC et les indemnités touchées par les personnes handicapées.
Plus encore, les retraités ayant les plus basses pensions recevront une aide
pour pouvoir payer leurs factures cet hiver. On va collecter davantage d’argent
au budget de l’Etat, mais on va donner davantage d’argent à la population
aussi. »
Le nouveau cabinet de Bucarest a déjà démarré son
activité. On attend maintenant, ses résultats. (Trad. Valentina Beleavski)