Un dossier compliqué
La justice roumaine, qui fait lobjet dune stricte surveillance de Bruxelles, a durci sa lutte contre la corruption de haut niveau. Depuis deux ans, un ancien premier ministre, plusieurs ministres et politiciens de haut rang reconnus coupables de corruption ont été condamnés à la prison. Au cas où les soupçons du Parquet anticorruption (DNA) s’avèreraient fondés, les Roumains pourraient assister à l’affaire la plus retentissante de ces derniers temps.
Roxana Vasile, 30.09.2014, 13:48
La justice roumaine, qui fait lobjet dune stricte surveillance de Bruxelles, a durci sa lutte contre la corruption de haut niveau. Depuis deux ans, un ancien premier ministre, plusieurs ministres et politiciens de haut rang reconnus coupables de corruption ont été condamnés à la prison. Au cas où les soupçons du Parquet anticorruption (DNA) s’avèreraient fondés, les Roumains pourraient assister à l’affaire la plus retentissante de ces derniers temps.
Concrètement, à la fin de la semaine passée, l’institution mentionnée a demandé à la présidence, au Parlement de Bucarest et au Parlement européen, de lever l’immunité dont disposent pas moins de 9 anciens ministres, issus de différentes formations politiques et qui avaient exercé leurs fonctions dans des cabinets de gauche ou de centre-droit. Une mesure nécessaire pour pouvoir engager la poursuite pénale à leur encontre. Les dignitaires visés par l’enquête sont suspectés de trafic d’influence, de corruption active ou passive, de blanchiment d’argent ou d’abus de fonctions dans une affaire d’attribution de licences informatiques.
Les faits incriminés remonteraient à 2001. Un des contrats concerne l’acquisition de licences pour les produits de la société américaine Microsoft, conclu entre le gouvernement de Bucarest et la compagnie Fujitsu Siemens Computers, laquelle aurait été favorisée. Selon le Parquet anticorruption, sur les 54 millions de dollars versés par le gouvernement, 20 millions ont représenté des commissions réclamées par les personnes impliquées dans ce contrat, y compris au sein des ministères.
Un autre contrat porte sur lachat par le ministère de lEnseignement de près de 180.000 licences Microsoft destinées aux écoles roumaines, soit environ 73.000 de plus par rapport au nombre dordinateurs compatibles dont disposaient ces établissements à lépoque. Ce contrat aurait provoqué une perte de plus de 5 millions deuros pour lEtat. Les procureurs ont identifié des versements bancaires, provenant de compagnies impliquées dans ces contrats, dans les comptes dau moins trois des anciens ministres visés.
Tous les 9 ministres se trouvant dans le collimateur de la justice clament leur innocence. Ancienne ministre de l’éducation, la sociale-démocrate Ecaterina Andronescu rejette les accusations et déclare n’avoir jamais perçu d’argent de qui que ce soit. Şerban Mihăilescu, ancien secrétaire général du gouvernement de gauche entre 2000 et 2003 nie lui aussi les faits dont il est accusé. Enfin, mais non en dernier lieu, Daniel Funeriu et Valerian Vreme — accusés d’abus de fonctions — se sont auto-suspendus du parti de centre-droit, le Mouvement Populaire, qui réaffirme son plein appui au fonctionnement indépendant de la justice.
Vu les nombreuses ramifications de l’affaire, l’enquête s’annonce compliquée. L’occasion pour le Parquet national anticorruption, lui-même accusé à maintes reprises de parti-pris politique, de contredire ses détracteurs et de prouver qu’il agit conformément au principe ’’la corruption n’a pas de couleur politique”. (trad. Mariana Tudose)