Timişoara, il y a 31 ans et aujourd’hui
Roxana Vasile, 17.12.2020, 12:54
Journée de deuil, ce jeudi à Timişoara,
importante ville de l’ouest de la Roumanie, où, voici 31 ans, les premiers révolutionnaires
anticommunistes roumains ont perdu la vie au nom de la liberté. A ce moment-là s’allumait
l’étincelle qui allait mener, quelques jours plus tard, à la chute du régime communiste
de Nicolae Ceauşescu. A noter que la Roumanie a connu la révolte anticommuniste
la plus sanglante de l’Europe du sud-est.
Pour rendre hommage aux héros
qui ont donné leur vie pour la démocratie il y a 3 décennies, des événements commémoratifs
sont prévus à Timişoara : des services religieux et des dépôts de couronnes,
une réunion spéciale, déjà traditionnelle, du Conseil local ainsi que des
lancements de livres et des expositions consacrées à la révolution. Toutefois,
en raison de la pandémie, ces événements n’auront pas l’envergure des années précédentes.
Une chose est sûre, le 17
décembre 1989 reste dans la mémoire des habitants de Timişoara comme une des
journées les plus tristes de l’histoire de leur ville. Il y a 31 ans jour pour
jour, les forces de répression avaient ouvert le feu sur les manifestants qui
scandaient dans les rues « Liberté ! » et « A bas Ceausescu !
». Une centaine de personnes sont mortes dans la révolution de Timişoara et
quelque 350 ont été blessés. Leur sacrifice a été évoqué mercredi, lors d’une
réunion des élus locaux avec les représentants des associations de révolutionnaires.
Ces derniers n’ont pas hésité à exprimer leur mécontentement au sujet des carences
actuelles de la société roumaine :
Voix 1 : « Malheureusement,
on voit que de petits pas sont faits tant pour ce qui est de la séparation du
pouvoir au sein de l’administration que dans la réforme de la Justice ou de l’Enseignement.
Chaque année, le 16 décembre, c’est à nous de leur rappeler les objectifs de la
Révolution et de leur demander d’avancer. »
Voix 2 : « Les
habitants de Timişoara et certains responsables rendent hommage aux héros de leur
ville en venant ici, en ces jours de commémoration. On devrait le faire par nos
actions quotidiennes aussi, car nous vivons tous les jours avec les idéaux de
la Révolution », affirment les représentants des révolutionnaires.
Parmi eux, l’Association du
Mémorial de la révolution a organisé une Journée portes ouvertes qui a permis
aux visiteurs de revivre ou d’en apprendre davantage sur les journées de feu de
Timişoara, celles de décembre 1989. De l’avis de l’Association, le plus grave,
c’est que, 31 ans après la Révolution anticommuniste, on ne connaît toujours
pas toute la vérité sur ce qui s’est passé ces jours-là et du point de vue
juridique, la vérité sera peut-être connue dans plusieurs années. Et pour cause :
un seul dossier concernant la Révolution se trouve actuellement devant les
juges. Selon le réquisitoire, à compter du 22 décembre, lorsque la révolte s’est
répandue sur l’ensemble du pays, une ample action de désinformation et de diversion
a été mise en place, favorisant l’instauration d’une véritable psychose du
terrorisme, qui fut la principale cause de nombreux décès survenus ces jours-là. (Trad. Valentina Beleavski)