Statistiques concernant la migration des Roumains
Thème récurrent de la rhétorique xénophobe de la quasitotalité des partis populistes d’Europe occidentale, le danger de la migration roumaine s’avère plutôt un mythe.
Bogdan Matei, 09.07.2014, 15:20
Thème récurrent de la rhétorique xénophobe de la quasitotalité des partis populistes d’Europe occidentale, le danger de la migration roumaine s’avère plutôt un mythe.
Sujet d’alerte en Italie et en France, ensuite aux Pays-Bas et au Royaume Uni, la prétendue invasion des Roumains venus uniquement pour voler ou pour bénéficier d’aides sociales est infirmée par toutes les études sociologiques consacrées à ce sujet.
Par rapport à la majorité écrasante de ceux qui y travaillent honnêtement, le pourcentage des personnes qui commettent des infractions est tout à fait insignifiant.
Après le 1er janvier 2007, lorsqu’elle a adhéré à l’UE, ses citoyens pouvant voyager librement dans l’espace communautaire, la Roumanie est devenue un exportateur de main d’œuvre qualifiée pour les pays prospères d’Occident. Selon une étude réalisée récemment par l’Institut Européen de Bucarest, les Roumains partis à l’étranger ne sont pas aussi nombreux que l’on s’y attendait et leur but n’était pas d’obtenir des aides sociales. En outre, depuis plusieurs années, la plupart des personnes qui vont travailler à l’étranger ont fait des études supérieures, elles sont donc hautement qualifiées, ce qui leur facilite l’accès sur le marché occidental de l’emploi.
Le secrétaire d’Etat au Ministère du Travail, Codrin Scutaru, ne cache pas l’inquiétude des autorités de Bucarest face à ce phénomène, qui entraîne un dépeuplement de la Roumanie et prive en même temps le pays de ses spécialistes : «Les personnes qui décident de quitter la Roumanie ont, le plus souvent, une formation universitaire ou post-universitaire, ou bien une formation technique. Ce sont des personnes dont l’économie roumaine a besoin. Plus de 2 millions de Roumains travaillent à l’étranger, ce qui contribue au déclin démographique du pays. L’impact de cette mobilité du personnel qualifié, sur l’économie roumaine n’est pas, lui non plus, à ignorer. »
Les auteurs de l’étude apportent des arguments infirmant l’idée préconçue selon laquelle la présence des migrants serait un désavantage pour les Etats qui les accueillent. Ils soulignent notamment qu’un citoyen d’un pays qui va travailler légalement dans un autre pays contribue à la croissance économique de celui-ci.
L’ancien président du Parlement Européen, Hans-Gert Pöttering, partage cet avis: «La libre circulation des personnes et des travailleurs est importante, car elle représente le fondement du marché intérieur européen. Evidemment, nous devons empêcher l’exploitation des systèmes d’assistance sociale par des personnes dont l’unique but est de bénéficier de cet argent. Pourtant, s’il s’agit de personnes qui travaillent, il est important de ne pas imposer de restrictions sur le marché de l’emploi ».
En visite à Bucarest, l’ancien chef du Législatif communautaire a réitéré l’idée que l’UE ne doit pas entraver la liberté de mouvement de ses citoyens, car cette mobilité de la main d’œuvre apporte des bénéfices importants aux Etats membres. (Trad.: Dominique)