Situation tendue à Chişinău
Si une nouvelle équipe exécutive nétait pas investie à Chişinău avant le 29 janvier, le président moldave, Nicolae Timofti, aurait été contraint de dissoudre le parlement et de convoquer des élections législatives anticipées. Un scrutin qui aurait été remporté sans trop de soucis par la gauche pro-russe, socialiste et populiste, à en croire les sondages dopinion.
Bogdan Matei, 21.01.2016, 16:44
Si une nouvelle équipe exécutive nétait pas investie à Chişinău avant le 29 janvier, le président moldave, Nicolae Timofti, aurait été contraint de dissoudre le parlement et de convoquer des élections législatives anticipées. Un scrutin qui aurait été remporté sans trop de soucis par la gauche pro-russe, socialiste et populiste, à en croire les sondages dopinion.
Or cest justement la menace de cette issue qui a été le coup de pouce déterminant pour les 57 des 101 députés moldaves qui se sont réunis pour une réunion organisée presque en cachette et qui na duré quune demi-heure. Un temps suffisant pour avaliser à la va-vite le programme de gouvernance ainsi que la composition de léquipe du premier ministre désigné, Pavel Filip. Ces élus qui ont réussi à réunir une majorité de fortune appartiennent aux partis Démocrate, qui a donné aussi le chef de lexécutif, et Libéral. Ils ont été rejoints par quelques députés ex-communistes passés dans la barque des sociaux-démocrates ainsi que par quelques libéraux-démocrates, dont la formation est pourtant dopposition.
Léloignement des élections anticipées a pourtant mis en colère plusieurs milliers de Moldaves pro-moscovites qui, juste après le vote, sont littéralement entrés dans les locaux du Parlement, réussissant à franchir les barrages des forces de lordre. Les heurts ont fait 13 blessés, dont huit policiers ainsi que le leader du parti Libéral, Mihai Ghimpu, ex-président par intérim de ce petit pays ex-soviétique. Le directeur du Centre roumain pour la prévention des conflits, Iulian Chifu, affirmait à Radio Roumanie que précisément au moment de cette prise dassaut, les leaders populiste moldave, Renato Usatîi, et celui socialiste, Igor Dodon, arrivaient à Chişinău en provenance de Moscou, avec « des instructions » de la part des autorités russes, estime Iulian Chifu.
Lors de la très discrète cérémonie dinvestiture du gouvernement, déroulée en parallèle, le président moldave Nicolae Timofti a précisé que lappui du peuple était une condition obligatoire pour la réussite des politiques à mettre en oeuvre.
Les missions des institutions internationales à Chişinău ont, elles aussi, réagi, appelant les Moldaves au calme et les autorités à prendre des mesures pour empêcher une escalade des tensions. Depuis Paris, le premier ministre roumain, Dacian Cioloş, a pour sa part mis en exergue limportance dun gouvernement stable à Chişinău, qui mette en œuvre les réformes économiques et sociales requises. Réaction aussi de la part de la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui a appelé toutes les parties impliquées dans cette situation à renouer le dialogue afin de trouver, ensemble, la voie à suivre à lavenir.
Cette voie ne saurait être que celle les réformes, précise néanmoins lanalyste Iulian Chifu. Des réformes qui puissent convaincre le FMI et la Roumanie doctroyer à nouveau des crédits à la République de Moldova, pour lui donner une bouffée doxygène. Sinon, la faillite économique et celle de lEtat moldave sont inévitables, conclut Iulian Chifu, directeur du Centre roumain pour la prévention des conflits. (trad.: Andrei Popov)