Schengen, pas encore
L'Autriche continue à s'opposer à l'admission de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'espace Schengen par leurs frontières terrestres.
Corina Cristea, 11.10.2024, 12:28
Jeudi, le Conseil Justice et Affaires intérieures n’a apporté aucun changement en ce qui concerne l’adhésion complète de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen. En fait, l’Autriche reste tout aussi inflexible dans son approche qu’il y a près d’un an. Tout cela, malgré le fait que tant la Commission européenne, que le Parlement européen ont réaffirmé que les deux pays avaient rempli toutes les conditions nécessaire à l’adhésion avec leurs frontières terrestres.
N’empêche, il reste encore beaucoup à faire, déclare de son côté le ministre autrichien Gerhard Karner :
« Nous sommes sur la bonne voie, mais nous ne sommes pas encore à la fin des discussions. Les mesures ont clairement eu de bons effets. A la frontière austro-hongroise, la migration a diminué. Frontex et ses fonctionnaires participent à la protection des frontières de l’Union. Mais nous devons poursuivre intensément les discussions concernant la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, afin que la situation s’améliore non seulement pour l’Autriche, mais pour l’ensemble de l’espace Schengen. Il est clair que les contrôles aux frontières de l’Union et à l’intérieur de l’espace Schengen portent leurs fruits. Mais il y a encore beaucoup à faire, beaucoup de travail fort est encore nécessaire. »
Une déclaration plutôt ambiguë qui n’avance aucune date claire pour l’expansion terrestre de l’espace de libre circulation européenne pour y inclure les deux pays, qui travaillent en tandem dans cette démarche. Une démarche lancée il y a environ vingt ans et dont Bucarest a rempli l’acquis depuis déjà 2011, date à laquelle l’adhésion était initialement prévue.
« La Roumanie est pleinement préparée, nous avons appliqué et rempli tous les critères pour intégrer l’espace par les frontières terrestres. Nous mettons parfaitement en œuvre la décision d’intégration Schengen par les frontières aériennes, adoptée par le Conseil en décembre de l’année dernière », a déclaré à son tour le ministre roumain de l’Intérieur, Cătălin Predoiu, devant le conseil JAI à Luxembourg : « Nous avons réduit de manière significative l’immigration clandestine grâce aux efforts de la police aux frontières et la coopération policière. Nous continuerons à appliquer toutes les procédures de Schengen et nous sommes prêts à mettre en œuvre tous les instruments de Schengen (…) Nous continuerons à coopérer avec les Etats-membres et la Commission pour assurer rigoureusement la sécurité des frontières de notre pays et, implicitement, de l’UE. » a insisté le responsable roumain.
« Il n’y a aucune condition qui ne soit remplie », a renchéri le ministre bulgare de l’Intérieur par intérim, Atanas Ilkov.
Une opinion partagée par Ylva Johansson, la commissaire européenne aux Affaires intérieures qui affirme à son tour : « La Roumanie et la Bulgarie ont rempli toutes les conditions et ont fait même plus que le nécessaire. Je suis très optimiste et j’espère que cette décision sera prise le plus vite possible, pendant que je suis en fonction ». Et d’ajouter que l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie sera à nouveau débattue lors du Conseil de décembre et, jusqu’à ce moment-là, les négociations se dérouleront au sein du Coreper (Comité des représentants permanents des gouvernements des Etats membres auprès de l’Union européenne).