Schengen : l’Autriche ne s’oppose plus à l’admission de la Roumanie et de la Bulgarie
Après une longue attente, l’Autriche ne s’oppose plus à l’adhésion complète de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen de libre circulation européenne.
Mihai Pelin, 10.12.2024, 13:27
Une adhésion bloquée par l’Autriche
Le ministre autrichien de l’intérieur, Gerhard Karner, a fait savoir que son pays ne s’opposerait plus à l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen par leurs frontières terrestres. Une décision en ce sens sera prise cette semaine lors d’une réunion des ministres de l’Intérieur et de la Justice de l’UE, à Bruxelles, où elle doit être adoptée à l’unanimité par les États-membres. Pour rappel, il y a deux ans, l’Autriche s’était opposée à l’élargissement de l’espace Schengen, malgré une recommandation de la Commission européenne (CE) en faveur des deux pays, estimant que la frontière extérieure de l’UE en Roumanie et en Bulgarie n’était pas bien protégée contre l’immigration clandestine.
La migration illégale a diminué
Cette fois-ci, Gerhard Karner a expliqué que les exigences de l’Autriche en matière de lutte contre l’immigration clandestine avaient entraîné une baisse du nombre de migrants interceptés près de la frontière avec la Hongrie, la voie d’accès la plus courante pour les réfugiés dans son pays. « Cette réduction massive des franchissements illégaux de la frontière n’aurait pas eu lieu si nous n’avions pas résisté jusqu’à présent », a-t-il déclaré. « Nous avons eu 70 000 interceptions l’année dernière jusqu’au mois d’octobre et seulement 4 000 au cours de la même période cette année », a encore précisé M. Karner. Pourtant il n’est pas du tout certain que les migrants illégaux se rendaient en Autriche via la Roumanie.
Mars 2024 – admission partielle à Schengen
En décembre 2023, le Conseil de l’UE a décidé d’admettre la Bulgarie et la Roumanie, les deux membres de l’UE depuis 2007, dans l’espace de libre circulation. Toutefois, les deux pays ont partiellement adhéré à l’accord de Schengen en mars 2024, les contrôles des passeports dans l’espace Schengen étant supprimés pour les personnes traversant la frontière par voie aérienne ou maritime. Les ministres de l’Intérieur de l’Autriche, de la Roumanie et de la Bulgarie, ainsi que la présidence hongroise du Conseil de l’UE, se sont récemment mis d’accord sur un nouveau paquet de mesures de sécurité aux frontières. Selon le document signé à Budapest, même après l’adhésion par voie terrestre, il y aura une période transitoire de six mois de contrôles aux frontières de la Roumanie avec la Hongrie et la Bulgarie, une condition imposée par l’Autriche. Ces contrôles seront pourtant supprimés à la frontière entre la Grèce et la Bulgarie.
Le parcours de la Roumanie vers l’espace Schengen
A noter que la Roumanie a fait l’objet de plusieurs rapports d’évaluation en vue de son adhésion à Schengen avant 2011, date de la première échéance de l’admission. Au fil des ans, des pays comme la France, l’Allemagne, la Belgique, la Suède, la Finlande, les Pays-Bas et l’Autriche se sont opposés à l’adhésion de la Roumanie, citant des problèmes liés à la corruption, au crime organisé, aux réformes judiciaires et à la migration.
En mai 2022, la CE a renouvelé sa recommandation que la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie soient admises dans Schengen. Cette dernière, membre de l’UE depuis 2013, a rejoint à la fois l’espace de libre circulation et la zone euro le 1er janvier 2023, tandis que la Roumanie et la Bulgarie ont dû attendre plus longtemps.
En octobre 2024, le Parlement européen a adopté une nouvelle résolution – la quatrième de ce type depuis 2011 – appelant à l’admission immédiate de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace de libre circulation européenne.
Notons pour terminer que Schengen est le plus grand espace de libre circulation au monde. Il couvre actuellement plus de 4 millions de kilomètres carrés, compte près de 420 millions d’habitants et comprend 27 pays. (trad. Valentina Beleavski)