Schengen, douche froide venue des Pays-Bas
Ştefan Stoica, 21.10.2022, 13:05
L’unanimité est cependant nécessaire et les chances qu’elle
soit atteinte ont diminué après le vote, jeudi, au Parlement des Pays-Bas. L’Assemblée
législative de La Haye a adopté une résolution demandant au gouvernement d’être
prudent quant à l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace
Schengen.
Le document demande à l’Exécutif dirigé par Mark Rutte de
ne prendre aucune mesure irréversible concernant l’expansion, avant qu’il ne mène
de nouvelles enquêtes concernant la surveillance des frontières par les deux
pays. Avant le vote, le Premier ministre Mark Rutte avait réaffirmé, devant le
Législatif néerlandais, qu’il n’y avait pas d’objections de principe quant à l’adhésion
de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen, mais qu’une mise à jour
du contrôle dans le cadre du MCV, le mécanisme de coopération et de
vérification judiciaires de l’Union Européenne, était quand même nécessaire. En outre, Mark Rutte a déclaré qu’il
serait nécessaire d’élargir la mission d’évaluation sur l’espace Schengen.
Bref, les deux pays pourraient rejoindre la zone de libre
circulation lorsqu’ils seront prêts, a expliqué le premier ministre. C’est en
gros le message qu’il avait déjà transmis lors de sa récente visite en Roumanie,
et que les journalistes, et pas seulement eux, ont perçu comme une affirmation libératrice,
mettant fin à la longue opposition des Pays-Bas à l’acceptation de la Roumanie
au sein de l’espace Schengen. Cette impression était pourtant fausse. Et même
le récent vote du Parlement européen, favorable à une large majorité à l’entrée
de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen, n’a pas pu effacer les
réticences des autorités de La Haye. Certains députés européens néerlandais se
sont abstenus ou ont voté contre, mais leur nombre était inférieur à ceux qui
ont voté pour cette résolution.
A noter qu’au sein du Parlement néerlandais, le contexte
est plus compliqué. La dépendance du cabinet fragile de Mark Rutte face aux partis
eurosceptiques et anti-migrants l’oblige à la prudence.
Pour sa part, Bucarest
ne cesse d’affirmer que d’un point de vue technique, la Roumanie est éligible
depuis longtemps pour l’admission à l’espace Schengen. De plus, la manière dont
elle a géré la crise des réfugiés ukrainiens qui ont fui l’invasion russe,
aurait prouvé que la Roumanie se comporte de facto comme un membre de l’espace
de libre circulation.
Le Premier Ministre roumain, Nicolae Ciucă, estime lui aussi
que le gouvernement et la coalition qui le soutient ont fait leurs devoirs en ce
qui concerne la justice et l’Etat de droit, en coordination directe avec la
Commission Européenne, principalement à travers l’adoption des lois de justice.
Et du côté du crime organisé, les institutions compétentes de l’État sont bien
consolidées et font leur travail, affirme encore le premier ministre.
D’ailleurs, tout le monde reconnaît que le seul obstacle
qui reste à surmonter sur la voie de la Roumanie vers Schengen est de nature politique.
Et pour cela, il faut avoir de la crédibilité, faire des efforts diplomatiques
et faire preuve de pouvoir de persuasion. Tout n’est pas perdu, mais le temps
qui reste est plutôt court. (trad. Andra Juganaru)