Recommandations du FMI
A Bucarest, les représentants du FMI et de la Banque Mondiale ont averti à nouveau que la poursuite des politiques d’allègement fiscal était dangereuse pour la Roumanie, surtout que l’économie roumaine n’avait plus besoin de ce type de politiques. Les deux institutions financières estiment que la Roumanie court le risque d’une procédure de déficit excessif l’année prochaine. Lors d’un débat sur des sujets économiques, le chef de la mission du FMI pour la Roumanie, Reza Baqir a recommandé une fois de plus aux responsables de Bucarest d’annuler ou de reporter les mesures d’allègement fiscal prévues pour 2017. Selon Reza Baqir, ces mesures viendraient à un moment où la consommation est déjà forte et pourraient entraîner la surchauffe économique. A son tour, l’ancien représentant du FMI pour la Roumanie, Jeffrey Franks, a mis en lumière ce danger, précisant que Bucarest devait faire attention à ses politiques économiques pour ne pas répéter les erreurs du passé.
Daniela Budu, 15.06.2016, 14:35
Jeffrey Franks : « Le fait que la Roumanie ait retrouvé la croissance économique est réconfortant. Elle n’est pas comparable à celle des années d’avant la crise, mais nous ne souhaitons pas de toute façon qu’elle atteigne le même niveau, parce c’était clair qu’il n’était pas soutenable. La question qui se pose à l’heure actuelle est de savoir si certaines mesures visant l’imposition ou les salaires de la dernière année aident à la soutenabilité ou si elles nous en éloignent. »
Le gouvernement roumain travaille actuellement un programme de réduction progressive du déficit. La réduction des contributions aux Assurances santé de 5%, récemment votée par le Sénat de Bucarest ne peut pas être appliquée à partir de l’année prochaine, a mis en garde, la ministre des finances, Anca Dragu. Elle a expliqué que l’impact de cette mesure s’élèverait à près de deux milliards d’euros, en une année où la pression sur le déficit budgétaire est déjà assez importante.
Anca Dragu : « Selon nos estimations, l’année prochaine, le déficit budgétaire se chiffrera à 2,8%, même 2,85%, suite aux mesures du nouveau Code Fiscal, sans compter la réduction des charges patronales de 5%. Cette mesure ne figure pas dans le déficit budgétaire de l’année prochaine ».
L’économiste de la Banque mondiale en Roumanie, Catalin Pauna a également souligné que la Roumanie risquait de faire l’objet d’une procédure de déficit excessif en 2017 et de se voir contrainte à majorer les taxes. Il a pourtant admis que l’Exécutif disposait du temps nécessaire pour appliquer des mesures de compensation, ainsi que pour réorganiser ses priorités pour ce qui est des dépenses publiques et de l’amélioration de la collecte des impôts.
Par ailleurs, le représentant du FMI, Alejandro Hajdenberg souligne que la majoration du salaire minimum ne fait que décourager la compétitivité du pays et les investissements, poussant les entreprises vers l’économie grise. Selon ce responsable, l’impact négatif de la majoration du salaire minimum est amplifié si son taux arrive à se chiffrer entre 25 et 45% du salaire moyen. Rappelons-le le Smic roumain a été majoré en mai à 1250 lei, soit 280 euros. (Trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)