Réactions après la chute du gouvernement
Fortement critiqué par ses adversaires politiques pour avoir tenté de modifier les lois électorales en engageant sa responsabilité, donc sans débat ni consultation au Parlement et en plus quelques mois seulement avant les élections locales, le premier ministre libéral Ludovic Orban quitte son poste, après trois mois de mandat seulement. Une motion de censure initiée par le Parti Social-Démocrate (PSD) a réuni suffisamment de voix, pour faire destituer ce cabinet libéral, le 4e après les élections parlementaires de 2016 et le premier à avoir une seule couleur politique.
Corina Cristea, 06.02.2020, 13:13
Fortement critiqué par ses adversaires politiques pour avoir tenté de modifier les lois électorales en engageant sa responsabilité, donc sans débat ni consultation au Parlement et en plus quelques mois seulement avant les élections locales, le premier ministre libéral Ludovic Orban quitte son poste, après trois mois de mandat seulement. Une motion de censure initiée par le Parti Social-Démocrate (PSD) a réuni suffisamment de voix, pour faire destituer ce cabinet libéral, le 4e après les élections parlementaires de 2016 et le premier à avoir une seule couleur politique.
Renversés du pouvoir toujours par une motion de censure avancée par les libéraux en automne, les sociaux-démocrates se sont alliés avec le Parti Pro Romania, de leur ancien collègue Victor Ponta, et avec l’Union Démocrate – Magyare de Roumanie (UDMR), réussissant ainsi à réunir plus de voix que nécessaire en faveur de la motion. L’enjeu n’en est pas du tout négligeable : organiser les élections locales en un seul tour de scrutin. Les libéraux souhaitent, eux, passer à deux tours de scrutin, ce qui conférerait, à leur avis, plus de légitimité aux élus. Par contre, des élections en un seul tour de scrutin sont dans l’avantage du PSD, qui a toujours le plus grand nombre de parlementaires au sein du Législatif et de maires à travers le pays. Ce serait donc préférable, pour les sociaux-démocrates que rien ne change, surtout qu’ils ont perdu beaucoup de popularité ces derniers mois. En revanche, le Parti National Libéral (PNL) a doublé son électorat par rapport à 2016, se trouvant actuellement parmi les préférences d’environ 47% des électeurs, selon les derniers sondages d’opinion. A leur tour, les libéraux détiennent un nombre important de mairies et leurs chances d’en gagner d’autres se multiplieraient s’il y avait deux tours de scrutin.
Par ailleurs, la chute de ce gouvernement libéral ouvre aussi la voix aux élections anticipées – vivement demandées par les Libéraux, mais aussi par le chef de l’Etat, Klaus Iohannis. A son avis, ce serait la solution la plus correcte. Toutefois, la procédure prévue par la Constitution est assez complexe. Il faut que les tentatives de former un nouveau gouvernement échouent deux fois dans l’espace de 60 jours, avant que le président ne puisse dissoudre le Parlement.
De l’avis du politologue Cristian Pârvulescu, l’état actuel des choses « convient tant au PSD qu’au PNL, mais pour des raisons différentes ». Et pour cause. « Le PSD a considéré qu’il doit choisir entre deux maux, à savoir l’élection des maires en deux tours de scrutin et les élections parlementaires anticipées. Il a donc opté pour les élections anticipées, car cette motion de censure en jette les prémisses favorables », explique Cristian Pârvulescu.
L’analyste Radu Magdin le confirme : « La situation actuelle est favorable au PNL, au PSD et à l’UDMR en égale mesure. Pour les libéraux, l’enjeu parlementaire est de plus de 35% et, très probablement, ils atteindront cette cible. Alors que pour les sociaux-démocrates et les représentants de la minorité magyare, la clé est de maintenir les élections locales en un seul tour de scrutin ». Et Radu Magdin ajoute : « Le résultat de la motion, à part le fait de mimer la lutte politique, laisse aussi s’entrevoir qu’il existe des négociations dures dans les coulisses. Le seul en désavantage est le 3 acteur politique selon les sondages, à savoir l’alliance des partis l’Union Savez la Roumanie (USR) et PLUS », conclut l’analyste politique Radu Magdin. (Trad. Valentina Beleavski)