Qui votera la motion de censure contre le gouvernement de Bucarest?
Mercredi, la motion de censure de lopposition contre le cabinet de Bucarest a été lue devant les Chambres réunies du Législatif, loccasion pour ses initiateurs libéraux de réitérer leur conviction que les accusations des procureurs anticorruption – faux en écriture, complicité dévasion fiscale et blanchiment dargent – ne permettent plus au premier ministre Victor Ponta de signer des actes normatifs, ni de gérer le budget du pays.
Bogdan Matei, 25.09.2015, 08:36
« Dans nimporte quel autre Etat membre de lUE, le premier ministre aurait présenté sa démission au moment où démarraient les poursuites pénales à son encontre, soit il y a 3 mois dans le cas de Victor Ponta » – a affirmé le leader des députés libéraux, Eugen Nicolaescu. Et lui de rappeler que son parti navait cessé de demander la démission de Victor Ponta depuis le 5 juin, date à laquelle le Parquet national anticorruption a rendu publiques les accusations contre le premier ministre. Toujours mercredi, avant son départ à Bruxelles, le président roumain, Klaus Iohannis, avait affirmé quapprouver la motion de censure serait « une bonne chose ».
Aux côtés de Dan Şova, son ancien collègue de faculté et partenaire daffaires ainsi Ue, par la suite, subalterne au sein du parti et du gouvernement, Victor Ponta est accusé de sêtre impliqué dans les illégalités qui ont causé à lEtat un préjudice de 16 milliards deuros, à travers les compagnies énergétiques de Rovinari et Turceni, dans le sud de la Roumanie. Persuadés que limportance du dossier pénal doit peser plus lourd que la loyauté politique, les libéraux demandent aux partis membres de la coalition au pouvoir de se joindre à leur motion qui sera débattue le mardi, 29 septembre.
Pour être adopté par le Parlement, le document nécessite le vote favorable dau moins 276 sénateurs et députés, soit de la moitié plus 1 du nombre total des élus. Toutefois, avant dêtre déposée, la motion na été signée que par 180 parlementaires, soit la majorité des députés et sénateurs du Parti National Libéral et quelques parlementaires indépendants et membres du groupe démocrate et populaire. Pour leur part, la quasi totalité des membres de lUnion Démocratique des Magyars de Roumanie, la seconde formation de lopposition, sont prêts à soutenir la motion, affirme leur chef, Kelemen Hunor. Il reste toutefois quelques bonnes dizaines de votes favorables que lopposition doit « arracher » aux membres de la coalition au pouvoir.
Or, par la voix de son président intérimaire, Liviu Dragnea, le Parti Social Démocrate soutient toujours son ancien leader, Victor Ponta, lui attribuant « une gouvernance à succès ». Plus encore, la porte-parole du parti, Gabriela Firea, affirme que la situation du premier ministre na point changé, car, jusquà une décision définitive du tribunal, Victor Ponta est innocent. Dirigée par le vice-premier ministre et ministre de lIntérieur, Gabriel Oprea, lUnion Nationale pour le Progrès de la Roumanie a annoncé sa décision de ne pas voter la motion. En même temps, le chef du Sénat, Călin Popescu-Tăriceanu, estime que le dossier Ponta est un exemple de la manière dont la Justice est utilisée comme « arme politique », pour semparer du pouvoir en éliminant les adversaires. Si bien que même les analystes politiques, persuadés quun premier ministre accusé de corruption nuit au pays, ne donnent pas trop de chances à cette motion de censure. (Trad. Valentina Beleavski)