Qui accède au Parlement de Roumanie ?
Le futur Parlement de Roumanie compte 7 partis, dont quatre pro-européens et trois qui se réclament souverainistes.
Ştefan Stoica, 09.12.2024, 12:38
Une année super-électorale en Roumanie
L’année 2024 a été celle de toutes les élections possibles en Roumanie qui a organisé des scrutins local, pour le parlement européen, législatif et présidentiel, et le jeune Etat démocratique appelé la Roumanie n’a pas achevé avec succès ce marathon électoral. Le 6 décembre, deux jours seulement avant le second tour des présidentielles, la Cour Constitutionnelle a intégralement annulé le scrutin parce que celui-ci serait profondément vicié. Conformément à la Cour Constitutionnelle, le caractère libre du vote exprimé a été transgressé par la désinformation des électeurs, par le biais d’une campagne dans laquelle le gagnant du 1er tour, l’indépendant Calin Georgescu, a bénéficié d’une promotion agressive, qui a enfreint la législation nationale dans le domaine électoral, par l’exploitation abusive des algorithmes des plateformes de socialisation et par l’absence de toute signalétique spécifique à la publicité électorale.
Un nationalisme aux accents extrêmistes
La victoire au premier tour d’un extrémiste pro-russe a amplifié le courant qui s’intitule souverainiste, composé en effet de partis ultranationalistes, aux accents xénophobes et antisémites, populistes, critiques acerbes de l’UE et de l’OTAN et qui propagent les théories de la conspiration. Trois représentantes de ce courant, l’Alliance pour l’Unité des Roumains (AUR), SOS Roumanie et le Parti de la Jeunesse (POT) ont accédé au Parlement, dont le premier avec un score électoral très bon, suite aux élections du 1er décembre déroulées une semaine après le premier tour des élections présidentielles. C’est justement pourquoi le parti DREPT a contesté la légitimité des législatives. DREPT a affirmé que le cycle électoral du mois de novembre avait été marqué par des ingérences extérieures, par des financements illégaux, par la propagande d’extrême droite et par l’influence des chefs de clans mafieux. La Haute Cour de Cassation et de Justice a rejette pourtant la demande d’annulation des élections législatives et c’est ainsi que ce 21 décembre, la Roumanie se verra doter d’un nouveau Législatif.
L’architecture du futur législatif
Le PSD, membre de la coalition gouvernementale aux côtés de libéraux a décroché le plus grand nombre de mandats de sénateurs et députés, 120, suivi par l’AUR avec 93 et le PNL avec 71. En 4e position du nombre des mandats dans le futur législatif se trouve l’Union Sauvez la Roumanie, avec 59 élus. Le parti SOS Roumanie, avec 40 élus, l’Union démocrate magyare de Roumanie et le Parti de la Jeunesse POT, chacun avec 31 mandats achèvent la liste des 7 partis représentés au Législatif de Bucarest. Un groupe des minorités nationales avec 19 élus existe aussi dans le cadre de la Chambre des Députes. Deux sénateurs et quatre députés représenteront les Roumains de la Diaspora dans le Parlement de Bucarest. C’est à l’intérieur de ce Législatif fragmenté qu’il faut chercher et identifier une majorité stable censée soutenir un gouvernement avant la fin de cette année.
Un cabinet de coalition
Il s’agira inévitablement d’un cabinet de coalition, dont la mission urgente est d’établir un calendrier pour les élections présidentielles. Les pro-européens, c’est-à-dire le Parti social-démocrate, le Parti national libéral, l’Union Sauvez la Roumanie et l’Union démocrate magyare de Roumanie avaient convenu de la constitution d’un front commun contre l’extrémisme mais rien n’est plus sûr après l’annulation des élections présidentielles. Jusqu’au serment de celui qui sera élu président l’année prochaine, le Président sortant Klaus Iohannis reste en poste, prolongeant ainsi 10 ans de mandats à la tête du pays.