Quelles chances de réussite pour le gouvernement de l’USR ?
Eugen Coroianu, 18.10.2021, 11:39
A Bucarest, la direction de l’USR, (parti de centre-droite, 3e
force politique au sein du Parlement) a approuvé dimanche soir la liste d’un gouvernement
minoritaire et le programme de gouvernance, que le premier ministre désigné,
Dacian Cioloş, doit maintenant avancer au Parlement pour validation. Précisons
que le leader de l’USR a été nommé candidat au poste de premier ministre il y a
une semaine par le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, suite aux consultations
avec les partis politiques.
Rappelons-le, début septembre, l’USR a quitté la coalition à la gouvernance
dont elle faisait partie aux côtés du Parti National Libéral (PNL) et l’Union
démocrate magyare de Roumanie (UDMR), refusant de continuer à collaborer avec
le premier ministre libéral Florin Cîtu. Plus encore l’USR a soutenu par la
suite une motion de censure déposée contre le gouvernement par l’opposition, ce
qui a entraîné la chute du cabinet de Florin Cîtu. La semaine dernière, lors
des consultations avec le chef de l’Etat, aucun parti n’a avancé le nom d’un
premier ministre, sauf l’USR.
Ce lundi, Dacian Cioloș se rend au Parlement sans avoir réussi à former une
majorité avec ses anciens partenaires. Il a aussi exclu toute association avec l’opposition
– soit avec le PSD et l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR). Il propose donc
un cabinet formé des membres de son propre parti, dont certains avaient été ministres
au sein de l’ancien Exécutif. Parmi eux – Stelian Ion, pour la Justice, Ioana
Mihăilă pour le ministère de la Santé, Cătălin Drulă pour les Transports ou
encore Claudiu Nasui pour le portefeuille de l’Economie et autres. Selon le leader
de l’USR, ce cabinet minoritaire et monocolore pourrait s’avérer la solution pour
faire sortir la Roumanie de l’actuelle crise politique et sanitaire. Son
programme de gouvernance comporte donc des mesures urgentes à prendre pour lutter
contre la pandémie, arrêter la hausse des tarifs de l’énergie et aider les PME.
« On va devant le Parlement, car c’est là que nous verrons s’il existe du
soutien pour un programme ciblé sur la sortie de la crise, pour un programme
dont la Roumanie a besoin. Moi, je pense à ce que la population attend, pas aux
spéculations et aux calculs », affirme Dacian Ciolos.
Toutefois, à en croire les déclarations faites jusqu’ici par les autres
formations politiques, un tel gouvernement a peu de chances de réussite. Le PNL
et l’UDMR ne souhaitent pas reprendre la collaboration avec l’USR, après que celle-ci
a voté une motion de censure à leur encontre. Le leader libéral, Florin Cîţu, estime
que le premier ministre désigné doit assumer la responsabilité de ses gestes et
aller chercher le soutien des partis de l’opposition aux côtés desquels il a fait
chuter le gouvernement en place. De son côté, le PSD préfère organiser des
élections anticipées et avoir entre temps un gouvernement technocrate, soit de spécialistes
sans couleur politique, qui puisse gérer temporairement la pandémie et l’économie.
Enfin, l’AUR déclarait la semaine dernière que la nomination de Dacian Ciolos
au poste de premier ministre n’est qu’un « jeu politique », dans les
conditions où il n’y a pas de majorité pour le soutenir. Notons pour terminer
que l’USR compte 80 sénateurs et députés, alors que pour être validé par le Parlement,
son cabinet doit réunir au moins 234 voix favorables. (Trad. Valentina Beleavski)