Quel horizon pour l’extraction du gaz naturel de la mer Noire ?
« Prochainement », c’est la réponse qu’a donné au micro de la radio publique roumaine le chef du cabinet de Bucarest, Nicolae Ciuca à la question quand la Roumanie réussira-t-elle à extraire les premiers mètres cubes de gaz de la mer Noire. C’est désormais une urgence imposée par le conflit économique et commercial qui oppose la Russie à l’Union européenne sur la toile de fond de la guerre en Ukraine. Dépendants du gaz russe, plusieurs Etats membres s’avèrent réticentes quant à l’affermissement des sanctions à l’adresse du Kremlin parce qu’à son tour la Russie pourrait fermer les robinets des gazoducs. Une réduction de cette dépendance n’est pas envisageable du jour au lendemain et même la Commission européenne la considère possible à l’horizon 2030. D’ici là, il faut trouver des solutions alternatives d’approvisionnement.
Roxana Vasile, 19.04.2022, 00:37
« Prochainement », c’est la réponse qu’a donné au micro de la radio publique roumaine le chef du cabinet de Bucarest, Nicolae Ciuca à la question quand la Roumanie réussira-t-elle à extraire les premiers mètres cubes de gaz de la mer Noire. C’est désormais une urgence imposée par le conflit économique et commercial qui oppose la Russie à l’Union européenne sur la toile de fond de la guerre en Ukraine. Dépendants du gaz russe, plusieurs Etats membres s’avèrent réticentes quant à l’affermissement des sanctions à l’adresse du Kremlin parce qu’à son tour la Russie pourrait fermer les robinets des gazoducs. Une réduction de cette dépendance n’est pas envisageable du jour au lendemain et même la Commission européenne la considère possible à l’horizon 2030. D’ici là, il faut trouver des solutions alternatives d’approvisionnement.
La situation de la Roumanie est la meilleure de l’UE en ce cas, puisqu’elle dépend le moins du gaz russe. La Roumanie est le deuxième plus important producteur de pétrole et de gaz de l’espace communautaire et dispose de grands gisements de gaz naturel non-exploité en mer Noire. Pendant de longues années, les analystes économiques ont critiqué l’absence d’une vision stratégique et l’incertitude juridique qui ont empêché la Roumanie à exploiter ces réserves, qui permettraient au pays d’être non seulement énergétiquement indépendant, mais aussi d’exporter vers d’autres Etats. Or dans ce contexte, cette semaine, le Sénat de Bucarest a démarré les débats en régime d’urgence sur la modification de la loi de l’exploitation des hydrocarbures en haute mer. Catalin Nita, directeur exécutif de la Fédération patronale du pétrole et du gaz : « A première vue, c’est un projet amélioré. Nous allons probablement proposer quelques amendements, mais en principe nous sommes enchantés par le fait que ce projet de loi très, très important pour la sécurité énergétique de la Roumanie soit débloqué et pas en dernier lieu par les couts plus bas que les Roumains auront à l’avenir. » explique Catalin Nita, directeur exécutif de la Fédération patronale du pétrole et du gaz.
Le projet de loi impose une stabilité législative sur toute la durée de l’exploitation du gaz naturel du périmètre maritime, estimée à plus de 20 ans. 60% des revenus issus de cette activité reviendront à l’Etat et 40% aux investisseurs. Ce qui plus est, la Roumanie aura un droit de préemption à l’achat du gaz extrait, alors que le surplus sera exporté. Le volume des périmètres roumains en mer Noire est estimé à 200 milliards de mètres cubes, dont la quantité la plus importante se retrouverait dans le périmètre Neptun Deep, détenu actuellement par les sociétés OMV Petrom et ExxonMobil. Précisons aussi que la société roumaine Romgaz est en train de racheter la participation d’Exxon à ce périmètre.
Les travaux d’exploitation sont plus avancés au périmètre Midia, où la société Black Sea Oil & Gas devrait commencer l’extraction cette année même. Ecoutons le premier ministre roumain Nicolae Ciucă: « Il est possible de recevoir du gaz vers le milieu de cette année. Il existe déjà un investissement fait par Black Sea Oil & Gas, qui a déjà signé les documents de réception et pourrait assurer un milliard de mètres cubes de gaz par an par le biais de cet investissement. L’exploitation du gaz dans le périmètre Neptun Deep devrait commencer fin 2026-début 2027. » a annoncé le premier ministre roumain Nicolae Ciuca. Bucarest espère ainsi devenir un fournisseur de sécurité énergétique régionale.