Quand la boxe mène les politiques en prison
Le « Gala Bute » était censé être un des événements sportifs et de divertissement les plus retentissants du début du 21e siècle. Ce rendez-vous de la boxe professionnelle s’est avéré le coup de grâce politique et judiciaire pour celle qui avait piloté l’organisation, Elena Udrea, ministre du Développement entre 2008 et 2012. La Haute Cour de cassation et de justice l’a condamnée à six ans de prison ferme et à verser 3 millions d’euros de dommages et intérêts, pour prise de pots-de-vin et abus de fonctions. En revanche, elle a été acquittée pour les autres chefs d’accusation — usage de faux documents, de documents inexacts ou incomplets afin d’obtenir illégalement des fonds européens.
Florentin Căpitănescu, 29.03.2017, 13:02
Le « Gala Bute » était censé être un des événements sportifs et de divertissement les plus retentissants du début du 21e siècle. Ce rendez-vous de la boxe professionnelle s’est avéré le coup de grâce politique et judiciaire pour celle qui avait piloté l’organisation, Elena Udrea, ministre du Développement entre 2008 et 2012. La Haute Cour de cassation et de justice l’a condamnée à six ans de prison ferme et à verser 3 millions d’euros de dommages et intérêts, pour prise de pots-de-vin et abus de fonctions. En revanche, elle a été acquittée pour les autres chefs d’accusation — usage de faux documents, de documents inexacts ou incomplets afin d’obtenir illégalement des fonds européens.
Dans ce même dossier, Rudel Obreja, ancien président de la Fédération roumaine de boxe, a été condamné à cinq ans de prison ferme, tandis qu’Ion Ariton, ex-ministre de l’Economie, a été acquitté. Les procureurs les avaient mis en cause pour utilisation illégale de fonds publics pour organiser, par le biais d’une société privée, ce gala de boxe dont la vedette fut une des stars mondiales de la boxe professionnelle, le Roumano-Canadien Lucian Bute. Les autres personnes inculpées dans cette affaire avaient reconnu les faits, écopant de peines avec sursis.
Le verdict de la Haute Cour n’est pas « une injustice, mais un abus, une mascarade », a réagi Elena Udrea après l’annonce faite par les juges, dont elle fera appel. Néanmoins, cette affaire vient confirmer, une fois de plus, que le Parquet anticorruption poursuit sans faute sa mission, confirmant les appréciations reçues dans tous les rapports de la Commission européenne sur les progrès de la justice roumaine.
Le jugement reçu par Elena Udrea, une des figures politiques proches de l’ex-chef d’Etat roumain, Traian Basescu, est le plus récent dans une série de condamnations ayant porté derrière les barreaux tout un lot de dignitaires roumains, dont le pays est considéré comme un des plus corrompus en Europe.
C’est la relation spéciale qu’Elena Udrea avait entretenue avec Traian Basescu qui l’avait propulsée aux fonctions ministérielles, estimaient les analystes. Selon eux, Mme Udrea s’était non seulement vu livrer le portefeuille du Développement, un des mieux lotis d’un point de vue financier et administrant nombre de projets coûteux. Elle aurait eu la cote d’influence la plus importante au sein du gouvernement de 2008-2012, même devant le premier ministre de l’époque, Emil Boc. Ses décisions favorisaient généralement les élus locaux qui étaient ses collègues au Parti démocrate-libéral, fusionné entre temps avec le Parti national libéral. Depuis sa sortie du gouvernement et l’arrivée des problèmes judiciaires, Elena Udrea s’est retirée de la vie politique, ne laissant derrière elle que les traces de sa piètre prestation ministérielle. (trad. : Andrei Popov)