Pour et surtout contre une loi de l’amnistie et de la grâce
A peine installé à la tête du Ministère de la Justice,
Florin Iordache a remis sur le tapis la loi de l’amnistie et de la grâce, un
sujet qui risque de provoquer un tollé dans un pays qui s’efforce depuis pas
mal d’années déjà d’éradiquer la corruption. Avec pour principal argument le
surpeuplement des prisons, le nouveau ministre souhaite un débat sérieux autour
de ce sujet qu’il a abordé lors de ses entretiens avec le procureur général du
pays, Augustin Lazar et avec la chef de la Direction Nationale Anticorruption, Laura Codruta Kovesi.
Florentin Căpitănescu, 10.01.2017, 13:17
A peine installé à la tête du Ministère de la Justice,
Florin Iordache a remis sur le tapis la loi de l’amnistie et de la grâce, un
sujet qui risque de provoquer un tollé dans un pays qui s’efforce depuis pas
mal d’années déjà d’éradiquer la corruption. Avec pour principal argument le
surpeuplement des prisons, le nouveau ministre souhaite un débat sérieux autour
de ce sujet qu’il a abordé lors de ses entretiens avec le procureur général du
pays, Augustin Lazar et avec la chef de la Direction Nationale Anticorruption, Laura Codruta Kovesi.
Et le
ministre de la Justice, Florin Iordache, de préciser que: « En l’absence d’un espace suffisamment grand,
il ne nous reste que deux alternatives: soit on déménage dans une maison plus
large, soit on met à la porte plusieurs personnes. Du coup, il convient de voir
comment faire pour régler la situation avant de qualifier d’opportune la loi de
l’amnistie».
Pour leur part,
les chefs des deux institutions judiciaires ont rejeté à l’unisson une
éventuelle loi de l’amnistie et de la grâce. Le procureur général Augustin
Lazar: «A l’heure
où l’on parle, on doit lutter contre la criminalité, on doit faire de la lutte
contre la corruption notre priorité numéro 1. On doit récupérer les biens que
les criminels ont soustrait, on doit donc poursuivre ce combat qui justifie le
travail des procureurs».
Une position
partagée également par le chef de l’État, Klaus Iohannis. Connu pour son
tempérament plutôt calme et équilibré, celui-ci a surpris par un discours en
force tenu devant le ministre Iordache, lors d’une séance du Conseil suprême de
la Magistrature. Cette loi risquerait de conduire à la disparition de la
démocratie, a lancé Iohannis qui s’est dit prêt à faire usage de toute sa force
présidentielle pour contrecarrer à une telle démarche. Suite à l’adoption de la
loi de l’amnistie et de la grâce, l’État de droit risquerait de s’écrouler, en
poussant la Roumanie loin de toutes les valeurs européennes et euro-
atlantiques, a affirmé Iohannis avant d’ajouter:
Klaus Iohannis: «Ce serait
une véritable catastrophe que de laisser passer une telle loi qui pourrait
aussi bien laver les péchés des criminels dangereux que de blanchir les
dossiers de nos politiciens.»
Dans l’attente
du dénouement, disons que l’opinion publique ne craint qu’une chose: que sous
le prétexte d’un surpeuplement des prisons, la classe politique actuelle ne se
prépare à remettre en liberté de nombreux personnages influents, notamment des
responsables politiques emprisonnés pour leurs faits de corruption. (Trad. Ioana Stancescu)