Nouvelles consultations pour le futur gouvernement
Les résultats des dernières élections législatives rendent difficile l’installation d’un nouveau cabinet à Bucarest. Le 6 décembre, le seul score écrasant – les deux tiers de l’électorat — a été celui de l’absentéisme : un record en ces plus de trois décennies de démocratie post-communiste. Du reste, la part de chacun des cinq partis qui ont accédé au nouveau Législatif oblige à des négociations laborieuses pour créer une majorité fonctionnelle. A l’issue des premières discussions avec les chefs de partis, le président Klaus Iohannis a reconnu que cette majorité n’existait pas encore :
Bogdan Matei, 15.12.2020, 12:15
« Ce premier round de consultations a conduit à un bon échange de vues entre les représentants de ces formations politiques et moi-même, mais je peux dire que les conditions de désignation d’un candidat pour former un nouveau gouvernement ne sont pas encore réunies. »
Le PNL, l’Alliance USR PLUS et l’UDMR promettent de poursuivre leurs discussions. Ensemble, les trois forces politiques auraient 244 sièges de députés et sénateurs, sur un total de 465. Les libéraux (affiliés au PPE) et les membres de l’Alliance USR PLUS (appartenant au groupe Renew Europe) sont toutefois allés rencontrer le président avec leurs propres propositions de chef du gouvernement : l’actuel ministre des Finances par intérim, Florin Cîţu, et l’ancien premier ministre Dacian Cioloş, respectivement. Ils ne se sont pas mis d’accord non plus sur le président de la Chambre des députés, un poste clé dans l’architecture constitutionnelle, parce qu’il filtre environ 80% des projets de loi. Le leader du PNL, Ludovic Orban, qui a récemment démissionné de ses fonctions de chef du gouvernement, explique :
« Nous allons poursuivre les discussions et rechercher les points qui nous unissent, qui peuvent être soutenus par toutes les formations politiques impliquées dans cette négociation et, évidemment, ce que nous considérons comme bon pour la Roumanie. »
Et le coprésident de l’USR-PLUS, Dan Barna, a déclaré :
« C’est une chance réelle pour la Roumanie d’avoir une majorité stable et équilibrée de centre-droit avec le potentiel de gouverner la Roumanie pendant quatre ans et de mettre en place ces réformes si importantes. »
Présence coutumière dans les gouvernements de coalition à Bucarest, de droite comme de gauche, l’UDMR affirme, par la voix de son président Kelemen Hunor, que la seule formule qui peut assurer la stabilité est une coalition avec le PNL et l’Alliance USR PLUS. Relatif vainqueur du scrutin, le PSD est, pour l’heure, isolé dans le nouveau Législatif. Son chef, Marcel Ciolacu, souhaite un gouvernement d’union nationale :
« Nous avons insisté sur le fait que la Roumanie traverse une période compliquée et que nous ne pouvons pas nous permettre une majorité fragile au parlement. Un gouvernement d’union nationale est la meilleure solution en ce moment. »
Nouvellement entré au Parlement, le parti nationaliste l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR) fait valoir, par l’intermédiaire de son coprésident George Simion, que dans un tel gouvernement, le seul portefeuille qu’il souhaiterait serait celui de l’Éducation. À Radio Roumanie, le politologue Andrei Ţăranu met en garde que les négociations ne sauraient se prolonger trop longtemps, parce qu’un exécutif est nécessaire pour gérer la campagne de vaccination anti-COVID et établir le budget de l’État pour l’année prochaine.
(Trad. : Ligia)