Nouvelles affaires de corruption à Bucarest
Une mini-secousse, aux retombées imprévisibles pour la scène politique roumaine, a été enregistrée mercredi soir. Le maire du 2e arrondissement de la capitale, Neculai Onţanu, a été retenu par les procureurs du Parquet national anticorruption dans une affaire où il est accusé de corruption passive. Un incident apparemment banal, puisque la corruption a rongé l’administration locale de Roumanie au point que les procureurs l’ont déjà réduite de moitié.
Bogdan Matei, 24.03.2016, 14:03
Une mini-secousse, aux retombées imprévisibles pour la scène politique roumaine, a été enregistrée mercredi soir. Le maire du 2e arrondissement de la capitale, Neculai Onţanu, a été retenu par les procureurs du Parquet national anticorruption dans une affaire où il est accusé de corruption passive. Un incident apparemment banal, puisque la corruption a rongé l’administration locale de Roumanie au point que les procureurs l’ont déjà réduite de moitié.
Rien qu’en 2015, 14 maires de chefs-lieux de comtés, 9 présidents de conseils départementaux et 1 préfet étaient renvoyés devant les juges. Trois des édiles des six arrondissements de la capitale, à savoir le libéral Andrei Chiliman, le progressiste Cristian Popescu Piedone et le social-démocrate Marian Vanghelie, qui ont déjà dépassé l’étape de la détention provisoire, font actuellement l’objet de procès pour corruption. L’ancien maire général de la capitale, Sorin Oprescu, soi-disant indépendant, mais gravitant dans l’orbite du Parti social-démocrate, a lui aussi suivi le même trajet: municipalité – détention provisoire – tribunaux.
Les éléments qui particularisent Neculai Onţanu sont la longévité à la tête du 2e arrondissement de la capitale et son poids en tant qu’acteur politique. M. Onţanu, qui en était à son quatrième mandat, se préparait à en briguer le cinquième. Donné favori au scrutin local, qui aura lieu le 5 juin prochain, il ne manquait pas de chances de réussite, d’autant plus que, pour la première fois dans l’histoire post-communiste du pays, ces élections se dérouleront en un seul tour.
Un autre atout était sans doute le récent retrait de ses fonctions politiques de Gabriel Oprea, leader fondateur de l’Union nationale pour le progrès de la Roumanie, ancien vice-premier – ministre et ex ministre des Affaires étrangères, lui-aussi accusé de corruption. Un retrait qui a valu à Onţanu l’intérim de la présidence du troisième plus grand parti parlementaire de Roumanie. Les dizaines de députés et de sénateurs issus de cette formation de centre-droit obéissaient à l’ordre du général de réserve Oprea quand il s’agissait de voter l’installation ou la démission d’un cabinet.
En outre, en véritable arbitres entre les grands partis de gouvernement, à savoir le PSD et le PNL, ils décidaient de l’adoption ou du rejet de projets législatifs d’importance capitale. Maintenant, le nouveau chef de file des progressistes, Ontanu, lui aussi général de réserve, est accusé d’avoir reçu, entre 2006 et 2007, un terrain de 1.500 m2 à Bucarest comme pot-de-vin, après avoir aidé un bénéficiaire de droits litigieux à entrer en possession de plusieurs propriétés. Selon les analystes politiques, l’arrestation de M. Ontanu équivaut à sa sortie de la course électorale. Elle va aussi accélérer la désintégration de l’UNPR.
D’ailleurs, les élus progressistes sont en train de changer de barque, s’orientant vers le PSD, le PNL ou l’ALDE (Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe), dans la perspective des législatives de cet automne. Selon les mêmes commentateurs, à l’instar de l’administration locale, le futur Parlement de Bucarest aura lui aussi une structure sensiblement différente, après cette vague de mises en examen. Toujours mercredi, le député Sebastian Ghiţă, proche de l’ex – premier ministre social-démocrate Victor Ponta, et dont le nom figurait déjà dans plusieurs dossiers pénaux, a appris qu’il était accusé d’usage d’informations confidentielles et de chantage.