Nouvelle motion de censure
Inerte après les législatives de 2012, l’opposition de Roumanie commence à reprendre des couleurs. Ce revirement, point fortuit, a coïncidé avec la décision du Parti national libéral, deuxième force politique du pays, d’abandonner le pouvoir, suite à un conflit ouvert l’ayant opposé au premier ministre social-démocrate Victor Ponta. Pour faire sentir leur présence dans les bancs de l’opposition, les libéraux ont eu recours à l’instrument au plus grand impact dont ils disposaient, à savoir la motion de censure.
Florentin Căpitănescu, 27.05.2014, 14:41
Inerte après les législatives de 2012, l’opposition de Roumanie commence à reprendre des couleurs. Ce revirement, point fortuit, a coïncidé avec la décision du Parti national libéral, deuxième force politique du pays, d’abandonner le pouvoir, suite à un conflit ouvert l’ayant opposé au premier ministre social-démocrate Victor Ponta. Pour faire sentir leur présence dans les bancs de l’opposition, les libéraux ont eu recours à l’instrument au plus grand impact dont ils disposaient, à savoir la motion de censure.
Pourtant, cette motion, signée par tous les partis de l’opposition, a été rejetée lundi au Plénum des chambres réunies du Parlement de Bucarest. Cela prouve que l’opposition n’embarrasse pas tellement le pouvoir représenté par l’alliance tripartite Parti social-démocrate-Union nationale pour le progrès de la Roumanie-Parti conservateur et Union démocratique des Magyars de Roumanie. Le document n’a recueilli que 176 votes, même moins que le nombre des signatures, à savoir 231.
L’opposition y accuse le cabinet Ponta de tergiverser la mise en place des mesures attendues par le milieu d’affaires, dont la diminution de 5% des contributions sociales patronales et l’élimination de l’impôt sur le profit réinvesti. Les signataires de la motion ont également reproché au chef du cabinet de Bucarest l’utilisation des ressources budgétaires à des fins électorales et la tentative de contrôler la justice. Si la mobilisation de l’opposition a été plutôt lente, affirment les analystes politiques, c’est aussi à cause du fait que le vote du législatif a été prévu juste au lendemain des élections européennes, lesquelles ont sans doute consommé bien des énergies.
Le premier ministre a lui-même fait le rapprochement entre le scrutin européen et la motion de censure, qui avait besoin de 286 voix pour être adoptée. Victor Ponta : ”La motion actuelle a été déposée pour servir dans la campagne électorale. Maintenant que la campagne a pris fin, que les gens ont voté, je pense que nous devons tous reprendre notre travail ”.
Le président démissionnaire du PNL, Crin Antonescu, a catalogué de non démocratique le refus du premier-ministre de répondre aux accusations énoncées dans la motion de censure. Crin Antonescu: ”Vous êtes peut-être fatigué par la campagne électorale, mais, monsieur le premier-ministre, ce n’est pas une raison pour traiter avec superficialité cette démarche fondamentale de la démocratie parlementaire qu’est la motion de censure et tenir ces propos. Vous êtes tenus d’y répondre”.
Notons que c’est pour la première fois, depuis sa prise de fonction, que le premier ministre Victor Ponta se voit confronter à une motion de censure. (trad. : Mariana Tudose)