Nouveautés et problèmes de la nouvelle année scolaire.
Bogdan Matei, 05.09.2022, 13:21
Près de trois millions d’écoliers et de lycéens de
Roumanie sont de retour aujourd’hui dans les bancs des écoles. Puisque de l’avis
des experts, le début de l’année scolaire pourrait générer une nouvelle vague de
l’épidémie de Covid 19, le ministère de la Santé a réitéré les recommandations
visant le port du masque dans les espaces fermés et dans les endroits où il y a
beaucoup de monde. Les enseignants sont censés identifier les élèves malades et
les conduire au cabinet médical de l’école. Les cas de contamination au nouveau
coronavirus seront rapportés à la direction de chaque institution
d’enseignement par les professeurs ou bien par les parents. Les médecins
recommandent aussi aux écoliers de se laver les mains le plus souvent que
possible et aux écoles de désinfecter quotidiennement les meubles et les objets
que les élèves touchent constamment.
Autrement, la nouvelle année scolaire propose plusieurs
nouveautés, décidées par le ministère de l’Education nationale et partiellement
mal reçues par les professeurs, les élèves et les parents. Les deux semestres
seront remplacés par cinq modules d’enseignement, qui alterneront avec cinq
périodes de vacances. Les évaluations de fin de semestre ne seront plus
obligatoires et les moyennes semestrielles à chaque matière seront remplacées
par une seule moyenne annuelle. Une autre modification adoptée cette année vise
l’élimination des règles gérant le processus d’élimination des élèves des
écoles, vu que l’enseignement primaire et secondaire est obligatoire en
Roumanie. Cette mesure demeure valable dans le cas de l’enseignement
supérieur, qui est facultatif. Cette année scolaire, la moyenne des années de
collège, soit de la 5e à la 8e, ne comptera plus dans le
calcul de la moyenne d’admission au lycée.
Ces nouveautés ne constituent qu’une
partie du paquet de réformes promues par Sorin Cîmpeanu, ministre libéral de
l’éducation du gouvernement de la coalition composée par le Parti social
démocrate, le Parti national libéral et l’Union démocrate magyare de Roumanie. Titulaire
du portefeuille de l’enseignement depuis pal mal de temps par rapport à ses
prédécesseurs – plusieurs dizaines en trente ans depuis la chute du communisme
– Sorin Cîmpeanu est contesté par les professionnels du système, des
académiciens jusqu’aux enseignants des petites villes et des présidents des
universités jusqu’aux associations d’élèves. Des pétitions qui lui demandent la
démission ont réuni assez rapidement des dizaines de milliers de signatures.
La
frustration des cadres du système de l’Education nationale est évidente, selon
le sondage le plus récent réalisé par l’organisation World
Vision. Deux enseignants roumains sur trois soulignent toujours que le
programme demeure trop chargé et que le décrochage scolaire demeure cette année
aussi un problème impossible à résoudre. A cause de la pauvreté, 35% des adolescents
ne se permettent pas de s’acheter toutes les fournitures scolaires et les
livres qui leur sont nécessaires. Un parent sur dix est obligé à retirer au
moins un enfant de l’école, temporairement ou définitivement, afin de pouvoir
boucler ses fins de mois. La moitié des enseignants affirment être découragés
par le manque d’implication des parents dans l’éducation de leurs enfants. 65%
d’entre eux exigent l’allocation de fonds supplémentaires pour les laboratoires
scolaires et pour les espaces consacrés aux activités sportives.
Voici donc autant de visages de la
« Roumanie éduquée », soit le nom du programme lancé il y a plusieurs
années déjà par le président Klaus Iohannis, lui-même professeur de physique au
lycée, avant de devenir politicien.