Nouveau chef des secrets
Le Parlement de Bucarest a réinstallé mardi Mihai Razvan Ungureanu à la tête du Service de Renseignements Extérieurs. Le poste était vacant depuis l’automne dernier, lorsque l’ancien patron de l’institution, Teodor Melescanu, avait démissionné pour se lancer dans la course électorale pour la présidence de la République.
Roxana Vasile, 01.07.2015, 13:57
Le Parlement de Bucarest a réinstallé mardi Mihai Razvan Ungureanu à la tête du Service de Renseignements Extérieurs. Le poste était vacant depuis l’automne dernier, lorsque l’ancien patron de l’institution, Teodor Melescanu, avait démissionné pour se lancer dans la course électorale pour la présidence de la République.
Historien et diplomate, Mihai Razvan Ungureanu est arrivé pour la première fois dans ce fauteuil en 2007 pour y rester jusqu’en 2012, lorsqu’il fut nommé par l’ex-président, Traian Băsescu, à la tête du gouvernement. Sa carrière de Premier ministre fut pourtant très brève, juste de février à mai 2012, soit le plus court séjour au palais de l’exécutif des deux dernières décennies de l’histoire roumaine.
Chef de la diplomatie roumaine de 2004 à 2007, lors du premier mandat présidentiel du même Traian Basescu, le libéral Mihai Razvan Ungureanu est perçu par les sociaux-démocrates, aujourd’hui au pouvoir, comme un proche de leur adversaire politique absolu. Voilà pourquoi, lorsque le président Klaus Iohannis nomme une nouvelle fois cet homme âgé de 47 ans à la tête de l’espionnage roumain, le PSD s’y oppose farouchement.
Cette formation politique a d’ailleurs boycotté mardi le vote au Parlement, en arguant du fait qu’il y avait là le signal du retour des fidèles de Traian Băsescu à des postes-clé de l’Etat. Le leader des députés sociaux-démocrates, Marian Neacşu, précise: N’ayant pas l’avis de la commission parlementaire spécialisée, nous ne sommes pas en mesure de trancher si oui ou non M. Mihai Razvan Ungureanu remplit toutes les conditions pour diriger les renseignements extérieurs.
Malgré le boycott du PSD, épaulés par les représentants de la nouvelle Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE), le candidat a reçu le feu vert de la part de 278 élus, seulement 6 voix lui étant défavorables. Mihai Razvan Ungureanu a immédiatement renoncé à son mandat de sénateur du Parti National Libéral et prêté serment. Et lui tout de suite de préciser ses priorités, devant les parlementaires: Nous avons besoin d’un nouveau cadre législatif, d’une nouvelle culture de la problématique sécuritaire, qui réduise l’écart entre la communauté des professionnels et la société roumaine en son ensemble. Je viens vers vous en vous priant de contribuer à la modernisation des lois visant la sécurité nationale, a dit le nouveau chef des renseignements extérieurs roumains.
Les Roumains attendent que les services de ce que l’on appelle la zone sécuritaire coopèrent davantage pour combattre la corruption et pour renforcer l’Etat de droit et la démocratie, a conclu Mihai Razvan Ungureanu.
Toutefois, les retombées politiques de cette installation occuperont, sans doute longtemps, le débat interne, car Mihai Razvan Ungureanu est appuyé non seulement par les formations d’opposition, le PNL et l’Union démocratiques des Magyars de Roumanie, ou encore par le groupe des minorités nationales. L’Union nationale pour le progrès de la Roumanie, membre de la coalition au pouvoir, a, elle aussi, voté en sa faveur, provoquant une fissure importante dans l’arc gouvernemental, selon les commentateurs. (trad.: Andrei Popov)