Motion de censure contre le cabinet Ponta
Sévèrement critiqué par l’opposition et les médias, le gouvernement de coalition de Bucarest devrait se voir acculé au pied du mur. Pourtant, à en juger d’après les déclarations fermes des leaders des partis membres de la coalition au pouvoir, il serait plus solide que jamais. Le Parlement doit débattre et voter vendredi la motion de censure déposée par l’opposition libérale. Le texte dénonce la mauvaise organisation du scrutin présidentiel de novembre 2014 à l’étranger, lorsque plusieurs milliers d’électeurs n’ont pas réussi à voter, malgré les longues heures d’attente. Les libéraux évoquent aussi la non-adoption de la loi sur le vote par correspondance, qui aurait évité de telles situations.
Bogdan Matei, 09.06.2015, 13:13
Sévèrement critiqué par l’opposition et les médias, le gouvernement de coalition de Bucarest devrait se voir acculé au pied du mur. Pourtant, à en juger d’après les déclarations fermes des leaders des partis membres de la coalition au pouvoir, il serait plus solide que jamais. Le Parlement doit débattre et voter vendredi la motion de censure déposée par l’opposition libérale. Le texte dénonce la mauvaise organisation du scrutin présidentiel de novembre 2014 à l’étranger, lorsque plusieurs milliers d’électeurs n’ont pas réussi à voter, malgré les longues heures d’attente. Les libéraux évoquent aussi la non-adoption de la loi sur le vote par correspondance, qui aurait évité de telles situations.
Sous le titre Victor Ponta démis pour excès de pouvoir par le blocage des élections , le premier ministre est accusé d’avoir souhaité devenir président du pays en bloquant délibérément le vote des Roumains de l’étranger, majoritairement et traditionnellement de droite. On lui reproche également de refuser à présent la tenue d’élections partielles dans les nombreux comtés, villes et communes qui se retrouvent sans leurs édiles élus en 2012, car arrêtés ultérieurement pour corruption. Selon les initiateurs de la motion de censure, celle-ci aurait très bien pu comporter d’autres thèmes, autant de chefs d’accusation contre le gouvernement en place: la mauvaise gouvernance, la modification hasardeuse du Code fiscal, les attaques contre la Justice.
Toutefois, l’arithmétique du Sénat et de la Chambre des députés est impitoyable avec les initiateurs de la motion. Pour être adopté, le texte doit recueillir au moins 278 voix, or les groupes parlementaires des libéraux ne comptent que 173 sénateurs et députés. L’éventuel soutien des parlementaires issus du Parti du Mouvement Populaire, nostalgiques de l’ancien président Traian Băsescu, de ceux qui ont quitté le PSD, avec à leur tête l’ex-chef de file des sociaux-démocrates, Mircea Geoană, ou encore des tenants plutôt confus du PP-DD, populiste, ne suffirait pas pour destituer Ponta.
Tous les parlementaires sociaux-démocrates se sont dits prêts à soutenir leur patron. De même, leurs partenaires juniors au sein de l’Exécutif, à savoir l’UNPR, le PC et le PLR, ont, à qui mieux mieux, déclaré leur fidélité au premier ministre. Ils ont même accusé l’opposition de pousser le pays vers une crise politique aux conséquences économiques et sociales dévastatrices, rien que pour s’attirer du capital politique.
Bref, de l’avis des analystes, tous ces éléments indiquent l’échec prévisible de la motion. Si tel est le dénouement, ce serait pour la troisième fois depuis son installation au pouvoir en 2012 que l’Exécutif de Ponta, passe ce test. Ce n’est là, cependant, qu’un bref répit pour le premier ministre. Le dépôt de la motion avait été éclipsé par le méga scandale déclenché le même jour, soit le vendredi dernier, par l’annonce du Parquet national anticorruption relatif à l’ouverture de poursuites pénales contre le chef du gouvernement, accusé de faux en écritures sous seing privé, complicité d’évasion fiscale, blanchiment d’argent et conflit d’intérêts, autant de faits qu’il aurait commis avant et durant son mandat.
Ponta devient ainsi le premier chef de gouvernement de la Roumanie post-communiste à être poursuivi alors qu’il se trouve en plein exercice de son mandat. Les commentateurs mettent en garde contre le fait que cette situation non seulement nuit gravement à sa crédibilité, mais elle ternit l’image du gouvernement et du pays tout entier. (trad : Mariana Tudose)