Motion contre le ministre de la Santé
Corina Cristea, 16.02.2021, 12:14
Lundi, le Parlement roumain a été la
tribune depuis laquelle les représentants du pouvoir et de l’opposition se sont
accusés les uns les autres pour la situation précaire du système sanitaire
national. A l’initiative du principal parti de l’opposition, le Parti social-démocrate,
le ministre de la Santé, Vlad Voiculescu, a été appelé devant le Parlement pour
répondre aux questions liées notamment à la récente tragédie survenue à l’Hôpital
de maladies infectieuses Matei Balş de Bucarest. Pour rappel, un incendie
déclaré fin janvier y a fait de nombreuses victimes parmi les malades de Covid
se trouvant en soins intensifs et a endommagé une bonne partie du bâtiment.
Accusé de n’avoir pris aucune mesure pour
garantir la sécurité des patients, le ministre Vlad Voiculescu fait maintenant
l’objet de la première motion de ce nouveau Législatif, déposée par les
sociaux-démocrates. Ceux-ci estiment que le ministre ne s’est pas suffisamment investi
non plus dans le processus de vaccination de la population, ni dans celui des
tests de dépistage du coronavirus. Qui plus est, de l’avis du PSD, il a aussi
transmis des messages contradictoires aux coordinateurs de la campagne d’immunisation
et des messages décourageants pour les médecins qui y participent. Vlad
Voiculescu n’a pas présenté de solutions concrètes pour le système sanitaire,
renchérit de député social-démocrate et médecin Alexandru Rafila, qui a aussi travaillé
dans l’hôpital bucarestois ravagé par l’incendie mentionné.
Alexandru Rafila : « Qu’il ne nous dise pas
des choses du genre : le ministère est en train d’évaluer et de surveiller
et d’autres choses pareilles qui n’ont aucun impact sans des mesures concrètes
prises pour renforcer la sécurité dans les hôpitaux, pour améliorer la capacité
de tester, pour améliorer le suivi épidémiologique en ce moment d’urgence
sanitaire. Le manque de responsabilité tue ».
En réplique, le ministre Vlad Voiculescu
précise que dans les deux mois écoulés depuis le début de son mandat, 50
millions de lei (environ 10 millions d’euros) ont été alloués à des
investissements dans les hôpitaux destinés aux malades de Covid. Les écoles ont
été rouvertes, l’accès aux tests de dépistage a augmenté, et les médecins sont
payés dans le cadre de la campagne de vaccination de la population, a ajouté le
ministre. Pour sa part, il tient le PSD pour responsable de la situation
actuelle du système sanitaire roumain.
Vlad Voiculescu : « C’est de
responsabilité que parlent les gens du parti (PSD), qui ont eu 12 ministres de
la Santé depuis la Révolution (anticommuniste). C’est de responsabilité que
parlent les collègues de parti des 3 derniers ministres de la Santé, faisant tous
les trois l’objet d’enquêtes du Parquet national anticorruption. C’est de
responsabilité que parlent les gens qui ont dirigé le ministère de la Santé
pendant 18 ans, ces 30 dernières années, durant lesquels ils ont créé de
véritables réseaux mafieux, avec leurs filiales du parti, avec leurs conseils
départementaux, des réseaux connectés jusqu’ici-même, au sein du Parlement ».
L’actuel ministre de la Santé est soutenu
par les parlementaires de l’alliance entre le parti l’Union Sauvez la Roumanie
(USR) et le parti PLUS et par leurs partenaires à la gouvernance, le Parti national
libéral et l’Union démocrate magyare de Roumanie. Tous ont promis de ne pas
voter la motion contre Vlad Voiculescu. De leur côté, les représentants du
parti AUR, nouvellement entré au Législatif roumain, sont favorables à la
démarche des sociaux-démocrates. Le vote de la motion est prévu mercredi, au
plénum de la Chambre des députés. (Trad. Valentina Beleavski)