Manifestations commémoratives marquant le 22 décembre
La séparation violente du régime communiste et l’emprise néfaste qu’il a exercée quatre décennies durant sur le sort des Roumains reviennent au premier plan chaque fin d’année depuis lors. Préfigurés par la chute du Mur de Berlin et par la dissolution des régimes totalitaires en Europe Centrale et de l’Est, l’évincement du couple dictatorial et le divorce définitif du communisme n’ont pas du tout été faciles. La Roumanie a été l’unique pays de l’ex bloc communiste où le changement de pouvoir s’est fait par la violence et où les leaders politiques de premier rang ont été exécutés.
Florentin Căpitănescu, 22.12.2015, 13:04
La séparation violente du régime communiste et l’emprise néfaste qu’il a exercée quatre décennies durant sur le sort des Roumains reviennent au premier plan chaque fin d’année depuis lors. Préfigurés par la chute du Mur de Berlin et par la dissolution des régimes totalitaires en Europe Centrale et de l’Est, l’évincement du couple dictatorial et le divorce définitif du communisme n’ont pas du tout été faciles. La Roumanie a été l’unique pays de l’ex bloc communiste où le changement de pouvoir s’est fait par la violence et où les leaders politiques de premier rang ont été exécutés.
Tout a commencé le 16 décembre 1989, à Timişoara, grande ville cosmopolite de l’ouest du pays. Le 22 décembre, la vague révolutionnaire gagnait la Roumanie tout entière. Depuis lors, à cette date précise, le Parlement de Bucarest se réunit chaque année en séance solennelle pour rendre hommage à la mémoire des plus de 1.100 victimes de la répression du régime déchu. En 2015 aussi, les sénateurs et députés ont souligné dans leurs discours que les idéaux exprimés en 1989 ne sont toujours pas accomplis. Le député social-démocrate Bogdan Niculescu Duvăz précisait que : « A cette époque–là, nous étions tous transportés de joie et nous croyions en notre avenir. Et je pense que nous n’étions pas dans l’erreur, en dépit du grand mécontentement qui existe aujourd’hui. »
Dans leurs allocutions, la plupart des intervenants ont fait référence à la récente décision de classement portant sur le dossier de la Révolution. Un dossier dont l’ouverture avait été considérée comme un acte normal, censé établir les responsabilités, rétablir la vérité historique et offrir une chance de réconciliation avec le passé. « Ce sont des questions qui doivent trouver leurs réponses », a déclaré, du haut de la tribune du Parlement de Bucarest, Alina Gorghiu, co-présidente du Parti libéral: « Les crimes contre le peuple roumain ne sauraient être prescrits et l’Etat roumain se doit de trouver la vérité. C’est la raison pour laquelle je pense que l’on ne peut pas fermer le dossier de la Révolution. »
A son tour, le représentant du Groupe des minorités nationales, Gheorghe Firczak déclarait que : « Fermer le dossier de la Révolution est une attitude carrément antidémocratique, incompatible avec la position actuelle de notre pays dans le contexte international. »
Les martyrs de la Révolution sont commémorés ces jours-ci dans plusieurs villes à travers le pays. Dans la capitale, Bucarest, on a organisé des cérémonies religieuses et des dépôts de gerbes Place de l’Université, ce haut lieu de la lutte contre le communisme et au Cimetière des Héros de la Révolution. Des manifestations similaires ont eu lieu aux sièges de la Radio et de la Télévision publiques, institutions médiatiques qui ont joué un rôle de premier chef pendant les événements de décembre ’89. (trad.: Mariana Tudose)