L’Odyssée des tableaux dérobés
A Bucarest, le procès des Roumains soupçonnés d’avoir volé 7 toiles à la Galerie Kunsthal de Rotterdam vient d’être reporté au 10 septembre, pour des raisons de procédure. Six personnes sont accusées de participation ou de complicité à ce que l’on appelle déjà le vol du siècle.
Ştefan Stoica, 14.08.2013, 13:23
A Bucarest, le procès des Roumains soupçonnés d’avoir volé 7 toiles à la Galerie Kunsthal de Rotterdam vient d’être reporté au 10 septembre, pour des raisons de procédure. Six personnes sont accusées de participation ou de complicité à ce que l’on appelle déjà le vol du siècle.
Dans le nuit du 15 au 16 octobre, sept tableaux de grande valeur — un Picasso, un Matisse, un Gauguin, deux Monet, un Lucian Freud et un Meyer de Haan — ont été dérobés au musée néerlandais. Après le vol, les tableaux ont été emmenés en Roumanie puis cachés chez la mère du chef présumé de la bande. La femme a dans un premier temps affirmé qu’une partie de ces tableaux de maîtres a été brûlée, mais elle s’est rétractée par la suite. Pourtant, l’expertise effectuée par les spécialistes du Musée national d’histoire de Bucarest semble confirmer la première variante. En effet, l’analyse physique et chimique de la cendre retrouvée atteste le fait qu’elle provient de l’incinération d’au moins trois tableaux à l’huile sur toile.
En même temps, les clous retrouvés laissent supposer qu’il s’agirait de tableaux antérieurs à la fin du 19e siècle. Toutefois, le directeur du musée, qui a examiné les preuves, affirme ne pas être en mesure d’affirmer que les restes proviennent bien des tableaux volés. D’ailleurs, les avocats des accusés ont contesté l’expertise réalisée en Roumanie et souhaitent que les preuves soient envoyées au Louvre. Leurs clients leur avaient également déclaré que les toiles volées au Musée de Rotterdam n’avaient pas été brûlées et qu’ils attendaient la mise en place d’un cadre légal correct pour ce procès avant de les remettre aux autorités néerlandaises. Selon l’avocat du principal suspect inculpé, celui-ci lui aurait proposé un deal aux enquêteurs, à savoir de leur remettre 5 des tableaux en échange d’une peine qu’il puisse purger aux Pays-Bas, où le vol qualifié n’est pas puni aussi sévèrement.
L’avocat — une véritable vedette du monde juridique roumain — n’a pas pu certifier que l’auteur présumé du vol se trouve effectivement en possession des 5 tableaux. Pourtant, même sans cette certitude, les chances qu’au moins une partie des œuvres célèbres aient été sauvées du désastre augmentent. Par ailleurs, le sort de deux des toiles volées demeure un mystère et les enquêteurs pensent qu’elles ont été brûlées.
Le vol de ces peintures dont la valeur est estimée à 18 millions d’euros suscite des questions sur la manière dont la protection des œuvres d’art est assurée au Musée Kunsthal de Rotterdam. L’enquête déclenchée par les autorités néerlandaises doit y répondre — déclarait l’avocat roumain. Selon lui, les personnes jugées coupables de ne pas avoir respecté les normes de sécurité sont responsables du vol au même titre que ses auteurs. Le vol du siècle fera sans doute le procès du siècle. (trad. : Dominique)