L’homme fort du PSD reste condamné avec sursis
Les démêlés judiciaires de l’homme fort du principal parti au pouvoir à Bucarest se poursuivent. Lundi, la Haute Cour de Cassation et de Justice a rejeté la contestation déposée par le président du PSD, Liviu Dragnea, contre la condamnation à deux ans de prison avec sursis, qu’il a reçu l’année dernière dans le dossier dit du référendum. La décision est définitive.
Bogdan Matei, 25.04.2017, 16:45
Les démêlés judiciaires de l’homme fort du principal parti au pouvoir à Bucarest se poursuivent. Lundi, la Haute Cour de Cassation et de Justice a rejeté la contestation déposée par le président du PSD, Liviu Dragnea, contre la condamnation à deux ans de prison avec sursis, qu’il a reçu l’année dernière dans le dossier dit du référendum. La décision est définitive.
M Dragnea a été condamné parce qu’en 2012, avant et durant le référendum sur la destitution du président roumain de l’époque Traian Basescu, il avait mis au point un système censé détourner le résultat du vote. Les actions de M Dragnea, qui était, à ce moment-là, secrétaire général du PSD, visaient à obtenir la présence aux urnes nécessaire pour valider le référendum de destitution du président roumain. Finalement cette démarche a échoué par manque de quorum. Traian Basescu n’a pas été destitué et Dragnea a actuellement un casier judiciaire.
En février 2017, Liviu Dragnea s’est pourvu en cassation, une voie d’attaque extraordinaire. Ses avocats ont demandé à la Cour d’annuler la décision prononcée dans le dossier du Référendum, invoquant le fait que deux des magistrats ayant rendu le jugement étaient partis à la retraite avant la publication de la motivation. Le document a été donc signé par un autre magistrat. Les avocats de M Dragnea ont également invoqué le fait que la motivation du verdict avait été rédigée après le délai légal de 30 jours. « Près d’une dizaine de mois plus tard, je n’ai toujours pas reçu la motivation de cette décision et cela veut dire que cette dernière n’est pas complète », affirmait alors Liviu Dragnea.
Le verdict prononcé lundi par la Haute Cour rend encore plus délicate la situation du leader du Parti social-démocrate, déjà fragilisé. Le 15 juillet 2016, les procureurs anticorruption l’avaient déféré à la justice pour instigation à l’abus de fonction et faux intellectuel, dans une affaire où il est mis en cause, aux côtés de son ex-épouse, Bombonica Prodana, pour des faits remontant à la période 2006-2012, alors qu’il était président du Conseil départemental de Teleorman (sud).
Selon les enquêteurs, il aurait déterminé plusieurs employés de la Direction d’assistance sociale du Conseil départemental d’embaucher fictivement deux membres de l’antenne locale du Parti social-démocrate. Celles-ci ont ainsi touché des salaires de fonctionnaires publics, bien qu’elles n’aient jamais mis les pieds dans cette Direction, travaillant uniquement pour l’organisation régionale social-démocrate.
S’il est condamné dans ce dossier, la peine avec sursis de deux ans de prison dont Liviu Dragnea avait écopé doit être bel et bien exécutée, affirment les spécialistes en droit pénal. Or, dans un tel cas de figure, le chef social-démocrate se verrait définitivement exclu de la scène politique roumaine, qu’il domine sans conteste, depuis les élections législatives du 11 décembre dernier.
Sous sa direction, la formation sociale-démocrate avait alors décroché 45% des suffrages, soit le meilleur score électoral de la gauche dans le dernier quart de siècle. La composition de l’équipe exécutive dirigée par Sorin Grindeanu ainsi que son programme de gouvernance sont d’ailleurs l’expression directe de la volonté de Liviu Dragnea. Alors qu’il se trouve au sommet de sa carrière politique, selon les analystes, le leader social-démocrate est plus vulnérable que jamais. (trad : Alex Diaconescu, Andrei Popov)