L’Europe et le gaz russe
L’Europe peut être tranquille, elle aura du gaz cet hiver — a résumé le jeudi soir le commissaire européen en exercice à l’Energie, Günter Oettinger la conclusion des négociations trilatérales de Bruxelles entre la Russie, l’Ukraine et la Commission Européenne. Provisoire, il est vrai, la solution à laquelle sont parvenues les parties garantit pourtant pour cet hiver tant l’approvisionnement de l’Ukraine que des Etats membres de l’Union Européenne.
Bogdan Matei, 31.10.2014, 13:14
Selon Oettinger, cité par le correspondant de Radio Roumanie à Bruxelles, l’accord valable jusqu’au printemps mentionne un total de 4,6 milliards de dollars couvrant les dettes de Kiev vis-à-vis de Moscou ainsi que les livraisons de gaz jusqu’au mois de mars. L’argent sera livré au Russes par la compagnie ukrainienne NAFTOGAZ et provient, en grande partie, du paquet financier par lequel FMI et l’UE soutiennent l’Ukraine. On a fixé un prix de 386 de dollars par mille mètres cubes de gaz, quelques 100 dollars moindre que celui demandé par la Russie en avril mais, même dans ces conditions, ce prix excède le prix moyen estimé par le fournisseur russe GAZPROM pour l’année courante. Si on ne parvenait pas à ce compromis, l’Europe aurait risqué de rencontrer des perturbations dans l’approvisionnement de gaz en hiver dans les conditions où 15% du gaz consommé dans l’Union transite l’Ukraine.
En dépit de ce montant de plusieurs milliards, l’enjeu des accords n’est pas uniquement pécuniaire. Les experts avertissent depuis quelque temps que dans la Russie de Vladimir Poutine les livraisons de hydrocarbures sont un levier pour atteindre les objectifs politiques et géopolitiques. Même si l’Ukraine a opté, lors du scrutin parlementaire de dimanche, à une proportion écrasante pour les formations pro-occidentales, la dépendance de Kiev vis-à-vis du gaz russe perpétue en réalité l’influence de l’ancienne métropole sur l’ex-colonie.
Plus que cela, les mêmes commentateurs estiment que les gouvernements occidentaux ne se permettent pas de réagir si vigoureusement aux violations flagrantes du droit international telle l’annexion de mars de la Crimée ou l’alimentation de la rébellion sécessionniste de l’est de l’Ukraine. Puisque, si Moscou ferme le robinet, les citoyens européens risquent de souffrir de froid.
En ce qui concerne la Roumanie, elle bénéficie de ses propres gisements de hydrocarbures étant moins vulnérable aux humeurs de l’imprévisible fournisseur de l’Est. Bucarest dispose de stocks de gaz naturel de 2,8 milliards de mètres cubes, un milliard davantage par rapport au nécessaire prévu pour l’hiver — a annoncé le ministre délégué à l’Energie, Ràzvan Nicolescu, réitérant à l’unisson avec les responsables politiques roumains la volonté que le pays devienne le plus vite possible indépendant du point de vue de l’énergie.(Trad. Costin Grigore)