Les surprises des élections législatives en Roumanie
Roxana Vasile, 08.12.2020, 12:47
A
première vue sans aucun lien entre elles, trois surprises ont marqué
les élections législatives qui viennent de s’achever en Roumanie :
un taux d’absentéisme record, la démission, le lendemain du
scrutin, du premier ministre roumain ainsi que l’accès au législatif
d’une nouvelle formation politique assez méconnue.
En fait, l’unique
grande certitude de la soirée du 6 décembre, après la fermeture
des bureaux de vote, était que seulement 32% des Roumains à droit
de vote s’étaient présentés aux urnes. Ce fut le taux de
participation aux élections le plus bas de Roumanie de ces 30
dernières années, mais aussi le taux de participation le plus
faible à un scrutin à travers l’Union européenne. Autrement dit,
la question qui se pose actuellement, c’est de savoir pourquoi 68%
de l’électorat a décidé de ne pas sortir et quel a été le
message que ces absents ont voulu transmettre par leur silence
assourdissant ?
Certes, une partie d’entre eux sont les
indifférents qui ne se présentent à aucun scrutin organisé en
Roumanie. Mais en égale mesure, de nombreux électeurs affirment ne
se sentir représentés par aucun des politiciens actuels. Ils
souhaitent voir des résultats et non plus des promesses, des actions
concrètes au lieu des confrontations stériles sur les petits
écrans.
« Il est très clair qu’il existe de nombreux Roumains
qui soit ont reçu peu d’informations sur ces élections, soit qui
sont tout simplement mécontents de moi-même, des partis, de toute
la classe politique et de certaines mesures adoptées », a
avoué le président de la Roumanie, Klaus Iohannis. Une heure
seulement après cette déclaration, le premier ministre Ludovic
Orban, dont le Parti national libéral a perdu les élections,
décrochant 5% moins de voix que le Parti social-démocrate,
d’opposition, démissionnait de ses fonctions. N’empêche, les
libéraux souhaitent toujours coaguler une majorité de centre-droit
censée produire un prochain Exécutif. Le geste surprise du premier
ministre a été salué par certains commentateurs qui le considèrent
comme une manière d’assumer l’échec dans ces élections, alors que
d’autres le critiquent, le jugeant irresponsable.
Or c’est dans toute
cette agitation politique et sur une toile de fond du mécontentement
social qu’est née, il y a à peine une année, l’Alliance pour
l’Union des Roumains, une formation politique assez ignorée par la
presse roumaine. Et cela jusqu’au 6 décembre, lorsqu’elle a décroché
quelque 9% des voix exprimées. Ce parti jugé de nationaliste et
même d’extrême droite par les analystes politiques, affirme que la
moitié de la nation roumaine se trouve actuellement au-delà des
frontières nationales et que d’une année à l’autre la Roumanie ne
fait que se dépeupler, sur un fond de baisse significative et
constante, d’un scrutin à l’autre, de la confiance du public en ceux
qui devraient défendre leurs intérêts. La famille, la nation, la
foi chrétienne et la liberté, voici les valeurs que l’AUR déclare
promouvoir.