Les Roumains d’Ukraine et la loi des langues régionales
L’abrogation par le législatif de Kiev de la loi qui reconnaissait le statut de langues régionales conféré aux langues des minorités ethniques fait encore des échos à Bucarest. Rappelons-le, le Parti des Régions de Viktor Ianoukovitch avait permis aux minorités nationales d’utiliser leur langue maternelle dans l’administration et dans les écoles. La décision du parlement, prise sur la toile de fond d’une vague nationaliste russophobe, a visé notamment la minorité russe.
Florentin Căpitănescu, 25.02.2014, 13:36
L’abrogation par le législatif de Kiev de la loi qui reconnaissait le statut de langues régionales conféré aux langues des minorités ethniques fait encore des échos à Bucarest. Rappelons-le, le Parti des Régions de Viktor Ianoukovitch avait permis aux minorités nationales d’utiliser leur langue maternelle dans l’administration et dans les écoles. La décision du parlement, prise sur la toile de fond d’une vague nationaliste russophobe, a visé notamment la minorité russe.
Et pourtant, cette mesure a touché aussi la minorité roumaine, qui est devenue ainsi une victime collatérale du conflit qui marque en ce moment la société ukrainienne. La conservation des droits de la communauté roumaine d’Ukraine, qui compte plus de 400 mille membres, figure parmi les intérêts légitimes de Bucarest. Le premier ministre roumain, Victor Ponta, espère que l’Ukraine introduise au plus vite une nouvelle réglementation au sujet de la langue roumaine ainsi qu’une législation européenne concernant les minorités ethniques.
Les propos du premier ministre roumain ont été complétés par ceux du chef de la diplomatie roumaine, Titus Corlatean, qui a averti que l’Ukraine devrait protéger le droits des minorités nationales si elle souhaite poursuivre son parcours européen. Ce qui plus est, le ministère roumain des Affaires étrangères exprime sa profonde préoccupation face à une possible détérioration de tout le système de protection des minorités d’Ukraine. Par ailleurs, le ministère roumain des affaires étrangères suivra de près la situation des ethniques roumains d’Ukraine, ainsi que la manière dont leur droits sont respectés et soutenus.
Le président du Sénat de Bucarest, Crin Antonescu, et le ministre chargé de la relation avec les Roumains du monde, Cristian David, ont souligné que l’emploi de la langue roumaine était absolument nécessaire pour sauvegarder l’identité des Roumains qui habitent en Ukraine.
Les réactions des responsables de Bucarest sont basées sur une réalité confirmée au niveau européen. La Roumanie, pays reconnu pour la multitude des droits accordés aux minorités, essaie d’utiliser le pouvoir de son propre exemple. A partir de l’accès libre aux administrations locale et centrale et de l’enseignement dans la langue maternelle et jusqu’à la représentation au Parlement de Bucarest, la Roumanie peut affirmer être un modèle européen en la matière.
Rien qu’un exemple, la minorité hongroise, la plus importante de Roumanie, a eu l’occasion de promouvoir ses intérêts au plus haut niveau, puisque son principal parti politique — l’Union démocratique des Magyars de Roumanie — est une présence habituelle dans les gouvernement qui se sont succédés depuis le milieu des années ’90 à Bucarest. (trad.: Alex Diaconescu)