Les partis politiques et la lutte contre la corruption
La classe politique de Roumanie, que les médias et l’opinion publique perçoivent comme incompétente et autiste, s’efforce d’améliorer son image gravement ternie par les méga-scandales de corruption et de népotisme. Puisque l’on n’est pas en année électorale, les analystes estiment que c’est le moment idéal pour les partis politiques de lancer un nettoyage général et de se débarrasser des foyers d’infection, avant les élections municipales et parlementaires de 2016.
Bogdan Matei, 23.03.2015, 13:13
La classe politique de Roumanie, que les médias et l’opinion publique perçoivent comme incompétente et autiste, s’efforce d’améliorer son image gravement ternie par les méga-scandales de corruption et de népotisme. Puisque l’on n’est pas en année électorale, les analystes estiment que c’est le moment idéal pour les partis politiques de lancer un nettoyage général et de se débarrasser des foyers d’infection, avant les élections municipales et parlementaires de 2016.
A la fin de la semaine dernière, la direction du Parti Social Démocrate, principale formation du cabinet de gauche en place, s’est réunie pour la première fois après la défaite du premier ministre Victor Ponta à l’élection présidentielle de novembre 2014. A l’ordre du jour, la modification du statut du parti et la sanction des membres corrompus. Les sociaux-démocrates contre lesquels ont été lancées des poursuites pénales perdront désormais les fonctions détenues au gouvernement ou celles de direction dans le Parlement, tandis que les personnes placées en détention provisoire seront automatiquement privées de leurs fonctions politiques à l’intérieur du parti.
Le chef de file des sociaux-démocrates, Victor Ponta, reconnaît que la principale vulnérabilité de son parti est justement la corruption : « Montrons aux gens que nous avons saisi le message suivant: le Parti social- démocrate est le mieux placé pour gouverner, mais cela ne suffit pas tant que nous serons accusés de ne pas respecter les règles de l’intégrité et que nous n’éloignons pas les collègues avérés coupables, ceux qui ont commis des erreurs ou encore ceux contre lesquels on a seulement formulé des accusations. »
A son tour, la direction du Parti National Libéral, soit la formation politique la plus importante de l’opposition de centre-droit, a elle aussi annoncé travailler sur un nouveau projet de statut, prévoyant des sanctions sévères à l’encontre des membres qui transgressent la loi. Les libéraux condamnés dans différentes affaires judiciaires seront exclus du parti, tandis que ceux qui ont été placés en détention provisoire seront suspendus de leurs fonctions publiques, a déclaré la co-présidente du parti, Alina Gorghiu : « Ce principe du respect des critères d’intégrité du parti sera appliqué à toute personne, quel qu’en soit le nom. »
Alina Gorghiu a également précisé que l’élaboration des critères d’intégrité serait achevée dans deux ou trois semaines. Les décisions de ces partis, qui comptent pour les plus importants sur la scène politique roumaine, font suite aux dizaines de mises en accusation et de verdicts de condamnation pour corruption prononcés contre des ministres, parlementaires, présidents de conseils locaux ou des maires, pour la plupart sociaux-démocrates et libéraux. C’est ce qui explique le fait que dans près de la moitié des départements et dans bien des grandes villes à travers le pays, l’administration locale fonctionne sans les maires et présidents de conseils élus en 2012. Quant à l’administration centrale, la presse affirme d’un ton moqueur que la Roumanie a un Exécutif en exercice et deux ou trois cabinets derrière les barreaux. (Trad. Mariana Tudose)