Les manifs de Roumanie
Les Roumains sont divisés ! Il y a, dune part, ceux qui ont continué à manifester contre le décret durgence de révision de la loi pénale, adopté, le 31 janvier, par le gouvernement de coalition à forte composante sociale-démocrate. LExécutif a battu en retraite devant la pression de la rue et abrogé, dimanche, le décret en question, mais les manifestations ont continué pour la 6e soirée de suite, rassemblant plus dun demi-million de personnes à travers le pays, dont le plus grand nombre à Bucarest. Sur la Place de la Victoire, noire de monde, devant le siège du gouvernement, les gens brandissaient des drapeaux et des pancartes, pour demander la démission du premier ministre Sorin Grindeanu et de son équipe, leur reprochant la manière utilisée pour adopter le décret – le soir, tard, et sans lavis du Conseil supérieur de la magistrature.
Roxana Vasile, 06.02.2017, 18:21
Les Roumains sont divisés ! Il y a, dune part, ceux qui ont continué à manifester contre le décret durgence de révision de la loi pénale, adopté, le 31 janvier, par le gouvernement de coalition à forte composante sociale-démocrate. LExécutif a battu en retraite devant la pression de la rue et abrogé, dimanche, le décret en question, mais les manifestations ont continué pour la 6e soirée de suite, rassemblant plus dun demi-million de personnes à travers le pays, dont le plus grand nombre à Bucarest. Sur la Place de la Victoire, noire de monde, devant le siège du gouvernement, les gens brandissaient des drapeaux et des pancartes, pour demander la démission du premier ministre Sorin Grindeanu et de son équipe, leur reprochant la manière utilisée pour adopter le décret – le soir, tard, et sans lavis du Conseil supérieur de la magistrature.
« Qui peut faire confiance à ces gens-là ? Cest plus possible ! Ils sont discrédités. Les élections sont toutes récentes, mais ils se sont moqués de nous et de notre vote. Cest à cause de ça que nous sommes descendus dans la rue. », explique un manifestant.
En plus de la capitale, les manifs les plus nombreuses ont été à Cluj, et Sibiu (centre), Timisoara (ouest) et Iasi (nord-est). Les Roumains de la diaspora ont eux aussi manifesté contre le gouvernement de leur pays à Bruxelles, Paris, Londres, Amsterdam, Rome, Barcelone ou Madrid, ou encore à Sofia et Budapest. Le correspondant de Radio Roumanie dans la capitale hongroise a recueilli des opinions de manifestants, jeunes pour la plupart.
« On fonctionne sur le principe « il faut que je voie dabord, avant dy croire ». La publication de labrogation au Journal officiel nest pas un obstacle qui les empêche de faire dautres pas pour arriver à leurs fins. Labrogation du décret ne me tranquillise pas et, tout comme ceux qui comprennent déjà le processus, je veux que nous changions de gouvernement. »
De lautre côté, on trouve les partisans de lExécutif, qui exigent que le résultat du scrutin parlementaire du 11 décembre soit respecté et que le gouvernement en place depuis seulement un mois puisse mettre en œuvre le programme présenté en campagne. Ils reprochent aussi au président de droite, Klaus Iohannis, que lélectorat a obligé à accepter une cohabitation avec une majorité de gauche, sa médiation du problème du décret durgence mentionné. Plusieurs milliers de gens se sont ainsi rassemblés, pour la première fois dimanche, devant la Présidence de la République, pour exprimer leur soutien au gouvernement Grindeanu et pour demander la démission du président Klaus Iohannis.
« Je veux quil respecte mon vote, quil respecte tous les Roumains, quil soit le président de tous les Roumains, quil aime ce pays comme je laime moi, de tout mon cœur. Nous défendons notre vote démocratique du 11 décembre. Ceux qui sont devant le siège du gouvernement, quils sen aillent, puisque le décret a été abrogé ! Sils ne sen vont pas, nous ne le ferons pas non plus. Je suis ici parce que je veux faire entendre mon mécontentement à légard de Iohannis, qui est payé pour servir lintérêt national, pas de mesquins intérêts personnels, ou de parti ou Dieu seul sait quels autres intérêts occultes. »
Le premier ministre Sorin Grindeanu a réfuté lidée de démissionner sous la pression de la rue.
« Cest le jeu démocratique et je crois que nous devons revenir sur ces notions le plus vite possible. Un gouvernement peut être renversé par motion de censure, car il est hors de question que je démissionne. », a martelé le chef du gouvernement.
Le premier ministre a demandé au ministère de la Justice douvrir durgence des débats publics avec les partis politiques et avec la société civile sur les points contenus dans le décret adopté et aussi vite abrogé. Du point de vue du gouvernement, il est impératif de mettre en accord les lois pénales avec des décisions de la Cour constitutionnelle et avec des directives européennes. Le projet de loi issu de ces débats publics sera ensuite soumis au Parlement. De son côté, le Législatif examinera et votera la motion de censure déposée par le PNL et lUSR, dopposition. (Trad. Ileana Țăroi)