Les jeux de hasard et d’argent, bannis des petites localités
Le Parlement de Bucarest a décidé d’interdire les salles de jeux de hasard situées dans les localités à moins de 15 000 habitants.
Sorin Iordan, 10.04.2024, 13:06
Les jeux de hasard et d’argent, y compris les machines à sous seront bannis dans les localités de Roumanie à moins de 15 000 habitants, aux termes d’un projet législatif approuvé mardi par la Chambre des Députés de Bucarest qui s’exprimait en tant que chambre décisionnelle. Cette mesure, initiée par le Parti social-démocrate, membre de la coalition gouvernementale à Bucarest prévoit, entre autres, d’instituer un registre public concernant les opérateurs de licences dans le domaine, des taxes plus élevées pour les organisateurs de ce type d’activité, mais aussi des amendes dépassant les 40 000 euros pour ceux qui transgressent cette restriction. A l’amende s’ajoutent d’autres sanctions : la confiscation des montants issus de ces activités et même la suspension des licences de fonctionnement des sociétés concernées.
Aux dires du premier ministre Marcel Ciolacu, même si le texte voté était plus indulgent que le projet initial, une fois entré en vigueur l’acte normatif empêchera 90% des localités de Roumanie d’avoir sur leur territoire administratif des jeux de hasard et d’argent. « Les bonnes journées de ceux qui ont fait des profits avec cupidité pour vendre des illusions aux gens se sont achevées » a déclaré le chef du Cabinet de Bucarest sur les réseaux de partage. Il a ajouté que le gouvernement continuerait à agir jusqu’à ce que « les choses seraient sous contrôle ».
Aucun autre loisir dans les villages de Roumanie
Pour sa part, le président par intérim de la Chambre des Députés, le social-démocrate Alfred Simonis, a dit que cette démarche constituait seulement un premier pas vers la limitation de l’accès aux jeux de hasard. Alfred Simonis: « Dans les villages de Roumanie il n’y aucun autre loisir, pas de centres commerciaux, pas de piscines ; il n’y a que ces maudites machines à sous qui sont l’unique passe-temps de ces enfants. C’est là qu’il faut commencer. Après avoir infligé ce coup dur, nous allons voir la réaction de l’industrie et élaborer une loi visant à faire sortir ces salles de jeux du hasard des villes plus grandes. » a déclaré Alfred Simonis.
La critique de l’Opposition
Les partis de l’Opposition ont pourtant critiqué la démarche du Pouvoir et accusé ses responsables de promouvoir ce projet à but électoral, étant donné qu’aucune initiative de l’Opposition à ce thème n’a été acceptée et soumise aux débats jusqu’ici. Les élus de l’USR et de l’AUR affirment également que les partis du pouvoir n’ont fait que bloquer au Parlement le parcours des projets visant à bannir les jeux de hasard automatiques des villes et interdire la publicité aux du hasard. Cette industrie serait d’ailleurs un des sponsors des campagnes électorales du Pouvoir, accuse l’Opposition. Voici les déclarations du leader du groupe des députés de l’USR, Ionuţ Moşteanu: « C’est avec une admirable hypocrisie que le PSD, qui refuse de faire sortir du tiroir toute une série de projets va passer un projet, puis attendra la réaction de l’industrie des machines à sous pour décider des pas à suivre. Voici donc ce que signifie être contrôlé par les patrons des jeux et ignorer complètement les Roumains » a martelé Ionuţ Moşteanu.
En 2022, les Roumains ont dépensé dans les casinos, les salles de jeux automatiques et sur les sites spécialisés, ainsi qu’aux paris sportifs quelque 11,7 milliards de lei, soit quelque 2,4 milliards d’euros, une hausse de 15% par rapport à 2021. Parallèlement, les entrées des opérateurs du secteur ont augmenté de 40% ces cinq dernières années.