Les Etats Unis et la Roumanie
Avec ménagements ou sans, un ami doit te dire toujours la vérité. Se trouvant cette semaine à Bucarest, le vice-président américain Joe Biden a transmis aux Roumains angoissés par la crise en Ukraine voisine la totale solidarité des Etats Unis. C’est une obligation sacrée d’être au côtés des Roumains et de l’OTAN — a dit Biden annonçant un supplément des troupes américaines déployées dans la région, mesure, semble-t-il, obligatoire pour tempérer l’appétit territorial récurent de la Russie.
Bogdan Matei, 22.05.2014, 14:46
Le vice-président a néanmoins averti de façon implicite que souvent les ennemis de l’intérieur d’un pays sont tout aussi dangereux que ceux de l’extérieur. La plus importante valeur pour les pays de l’OTAN est la société transparente où la corruption est estimée comme un ennemi. Le gouvernement est équitable et honnête et les gens sont traités avec dignité — a-t-il affirmé dans un discours adressé à la société civile roumaine. La lutte contre la corruption et la consolidation de l’Etat de droit sont- rappelle Biden — les éléments clés du développement futur du pays et les garanties de la souveraineté nationale. Au contraire, une classe politique tourmentée par la corruption rend l’Etat vulnérable et, de façon délibérée ou inconsciemment , facilite l’agression extérieure comme en Ukraine — a également dit Biden comme un éloge au rôle de la société civile qui combat ce fléau :
Joe Biden : « Beaucoup d’entre vous avez lutté le long des années pour éliminer la corruption et je vous applaudis tous pour vos efforts. Avec votre aide, la Roumanie a eu des acquis significatifs dans la lutte contre la corruption, la DNA (Direction Nationale Anticorruption) a établi fermement son indépendance ; a envoyé l’année dernière 1000 cas devant la justice, l’Agence Nationale d’Intégrité (ANI) a, a son tour, confirmé 6000 cas d’incompatibilité. Certes, des pas restent encore à franchir pour résoudre ces cas mais le début est bon. Il ne faut pas s’étonner que les institutions anti-corruption sont les mieux côtés parmi les Roumains en matière de confiance. La corruption est un problème difficile et complexe dans chaque pays mais il peut être résolu. Je vous exhorte fermement à avancer et à demander aux institutions judiciaires de se libérer de l’influence politique et d’insister que personne n’est supérieur à la loi. »
Les interlocuteurs de Bucarest du numéro deux de l’administration américaine ont réagi à la mesure des attentes. Le président Traian Bàsescu qui s’estime un garant du fonctionnement de DNA et de ANI a réitéré son engagement à l’égard de lutte contre la corruption.
Le premier ministre Victor Ponta a, à son tour, affirmé que le gouvernement appuie une justice forte et indépendante et que tous ceux qui violent la loi doivent rendre compte quelle que soit leur position. Ce n’est que le temps qui peut valider la durabilité de ces promesses surtout que dans une année électorale avec le scrutin de dimanche et les élections présidentielles de l’automne où les acteurs politiques dépendants de l’argent pour leurs campagnes ne sont pas tellement exigeants à l’égard de l’origine de ces fonds. (Trad. Costin Grigore)
