Les céréales ukrainiennes passent par la Roumanie
Sorin Iordan, 21.07.2023, 11:30
La cheffe de la diplomatie roumaine, Luminiţa Odobescu, était
présente, jeudi à Bruxelles, à la réunion des ministres des affaires étrangères
des États membres de l’Union européenne, qui ont examiné, entre autres, ces
dernières décisions de Moscou. Mme Odobescu a affirmé qu’en bombardant le port
d’Odessa et en menaçant les navires qui circulent en mer Noire, la Russie
souhaitait provoquer une crise alimentaire à l’échelle européenne. Elle a
ajouté que la communauté européenne a reconnue l’importance de la Roumanie dans
la région: Je voudrais souligner que les ministres ont
salué les efforts de la Roumanie et le rôle accru de notre pays dans la
facilitation de ces exportations. Nous avons reçu l’appui non seulement de la
Commission européenne, mais aussi de plusieurs États membres, qui souhaitent
s’impliquer davantage dans consolidation de l’infrastructure portuaire et
ferroviaire de notre pays, afin d’éviter un blocage du transit des céréales
ukrainiennes vers les Etats bénéficiaires.
La
Turquie pourrait y jouer un rôle particulièrement important, a encore affirmé
la cheffe de la diplomatie roumaine, d’autant plus que l’accord sur les
exportations de céréales à travers la mer Noire a été signé à Istanbul. Luminiţa
Odobescu a rappelé que le président turc Recep Tayyip Erdogan continuait dans
le cadre des Nations unies les discussions avec différents partenaires, dans
une tentative de convaincre la Russie de prolonger son accord. L’évolution de
la situation a une importance majeure pour Bucarest, compte-tenu du fait que,
sur les cinq pays qui assurent le transit des graines ukrainiennes vers des
destinations d’Afrique et d’Asie, les plus grosses quantités passent par la
Roumanie.
De plus, cette année, les agriculteurs roumains s’attendent à une
récolte de 20 à 25 % supérieure à celle de l’année passée. Cela pourrait mettre
à mal l’infrastructure de transport nationale. Selon Cezar Gheorghe, analyste
du marché céréalier interviewé par Radio Roumanie, il existe la crainte de voir
le Port de Constanţa suffoquer d’un point de vue opérationnel : Il se peut que nous assistions à une augmentation très importante du
flux routier, ferroviaire et naval (de barges). Plus encore, du point de vue
opérationnel, Constanţa subira une pression extrême à laquelle, je vous le dit
très sincèrement, le port sera incapable de faire face, pour la simple raison que
sa capacité est de 25-26 millions de tonnes de céréales et de plantes
oléagineuses par an.
De
l’avis de Cezar Gheorghe, dans une telle conjoncture, la Roumanie devrait
solliciter rapidement des fonds européens supplémentaires, pour réaliser
certains investissements dans l’infrastructure de transport. (Trad. Ileana
Ţăroi)