Les agriculteurs roumains protestent
Roxana Vasile, 31.03.2023, 12:39
C’est une somme dérisoire, s’est révolté
récemment le ministre roumain de l’Agriculture, Petre Daea après la décision de
Bruxelles de débloquer une aide de 56,3 millions d’euros, financée par la
réserve de la Politique agricole commune (PAC), pour compenser les pertes
économiques subies par les fermiers polonais, roumains et bulgares, suite à
l’augmentation des importations de céréales et d’oléagineux venues
d’Ukraine. La Commission européenne a décidé d’allouer presque 30 millions d’euros à la
Pologne, plus de 16 millions à la Bulgarie et 10 millions à la Roumanie, une
somme dérisoire par rapport aux pertes souffertes par les agriculteurs
roumains. Présent à Bruxelles à l’occasion du dernier Conseil européen, le chef
de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, a exigé de la part de l’Exécutif européen
une réévaluation de l’appui financier. Bruxelles aurait dû prendre en
considération les sacrifices faits par la Roumanie pour faciliter le transport
des céréales ukrainiennes, a fait savoir M. Iohannis qui a trouvé
« étrange que la somme a été décidée en l’absence de toute négociation. Ce
genre de choses ne se décident pas au terme des formules mathématiques » a
lancé le chef de l’Etat roumain.
Quelques jours plus tard, le ministre de
l’Agriculture de Bucarest, Petre Daea, annonçait que la CE a décidé de majorer
la somme attribuée à la Roumanie, à travers un nouveau mécanisme de crise.
Selon le correspondant Radio Roumanie à Bruxelles, L’Exécutif européen
débloquera 75 millions d’euros pour soutenir les cultivateurs en Pologne,
Roumanie, Bulgarie, mais aussi ceux de Hongrie et de Slovaquie. Les
négociations démarreront bientôt afin de fixer la part à verser à chacun des
pays mentionnés. Au premier abord, la Roumanie pourrait se voir attribuer entre
15 et 20 millions d’euros ce qui lui ferait une somme totale allant de 25 à 30
millions d’euros. En attendant la décision de la CE, les agriculteurs roumains organisent
des mouvements de protestation afin de maintenir la pression sur les décideurs
politiques.
Cela fait quelques jours que le transit de marchandises à la
frontière roumano- bulgare se déroule difficilement, après que les agriculteurs
bulgares ont décidé de s’insurger contre l’afflux de produits agricoles bon
marché et exonérés de droit de douane, de leur voisin ukrainien. Considérée
comme l’un des exportateurs de blé les plus importants du monde, l’Ukraine a vu
ses ports à la mer Noire bloqués par l’invasion russe ce qui l’a poussée à
chercher des routes alternatives pour ses céréales. Sauf que, de quantités
importantes de céréales bon marché sont restées bloquer dans des pays tels la
Roumanie, la Bulgarie ou la Pologne, en déstabilisant les marchés locaux au
détriment des agriculteurs. La CE qui se propose de soutenir l’Ukraine jusqu’à
la fin, se voit obliger à présent, de soutenir ses propres cultivateurs qui
préconisent une mobilisation générale le 7 avril.