L’économie de la Roumanie – sous la loupe de la Commission européenne
La Commission européenne a publié des analyses économiques approfondies pour six Etats membres, y compris la Roumanie.
Corina Cristea, 26.03.2024, 12:40
La Roumanie, aux côtés de cinq autres Etats, a fait l’objet d’une l’analyse approfondie que la Commission européenne a publié lundi dernier. Son objectif était d’évaluer si les Etats respectifs sont confrontés à des déséquilibres macroéconomiques dans le contexte du semestre européen. Les autres Etats examinés ont été Chypre, les Pays-Bas, la Slovaquie, l’Espagne et la Suède, qui font partie du groupe des 12 Etats membres sélectionnés dans le rapport sur le mécanisme d’alerte 2024.
Tenant compte de toute une série d’indicateurs, le rapport a été adopté en novembre dernier dans le cadre du paquet d’automne du Semestre européen – soit le cadre de l’Union Européenne visant la coordination et la supervision des politiques économiques et sociales. Les six autres rapports approfondis concernant la France, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie et le Portugal seront publiés dans les semaines à venir.
L’analyse de l’économie roumaine
Quant à la Roumanie, selon l’analyse approfondie elle se voit toujours confrontée à des vulnérabilités liées aux comptes des finances publiques et à la balance extérieure.
« Les déficits importants des comptes publics et courants, ainsi que le taux d’inflation élevé, qui sont tous supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie, rendent l’économie potentiellement vulnérable aux chocs. Des progrès ont été réalisés en ce qui concerne la réduction du déficit du compte courant en 2023, surtout grâce au resserrement de la politique monétaire et au ralentissement de la consommation privée. Pourtant, puisque les politiques demeurent inchangées, les risques liés à la position extérieure resteraient élevés dans les années à venir », soulignent les auteurs de l’analyse.
Le document indique aussi que « la poursuite d’une stratégie crédible de consolidation budgétaire est la priorité clé des politiques visant à atténuer les risques à la stabilité de l’économie. Cette stratégie nécessitera la mise en œuvre complète des réformes fiscales et structurelles incluses dans le Plan National de Relance et de Résilience, à savoir celles visant une augmentation structurelle des recettes publiques et une exécution budgétaire beaucoup plus stricte que ces dernières années »
Les causes de la vulnérabilité économique de la Roumanie
La Commission se rend compte que les vulnérabilités macroéconomiques de la Roumanie se sont accentuées à la suite de la pandémie, sur toile de fond d’une croissance extrêmement solide. La reprise forte de l’activité économique après la pandémie, soutenue tant par l’assouplissement de la politique monétaire et des conditions financières, que par la construction budgétaire favorable, a conduit à une croissance du PIB de plus de 4 % en 2021 et 2022, soit supérieure par rapport au potentiel taux de croissance de la Roumanie. Le taux d’inflation a atteint les 12 % en 2022 tandis que le taux du déficit du compte courant a continué à diminuer pour dépasser les 9 % du PIB, reflétant le choc des prix de l’énergie.
Malgré une expansion économique extrêmement solide et des recettes publiques à la hausse, le taux du déficit public est resté élevé, atteignant les 6,3 % du PIB en 2022, soit en légère baisse par rapport au taux de 7,2 % en 2021, suite à l’augmentation rapide des dépenses publiques.
L’analyse montre également que, jusqu’à présent, la Roumanie n’a pas eu de difficultés pour couvrir ses besoins de financement et ses réserves en devises semblent généralement adéquates, couvrant près de 5 mois d’importations et plus de 100 % de la dette extérieure à court terme à la fin de l’année 2023.