Le tabac divise
Avant le printemps 2016, la Roumanie se trouvait en queue du peloton européen en ce qui concerne l’interdiction du tabac dans les espaces publics. En mars dernier, une loi très stricte est entrée en vigueur faisant la joie des non-fumeurs et suscitant de nombreuses critiques de la part des fumeurs.
Roxana Vasile, 09.09.2016, 14:01
Avant le printemps 2016, la Roumanie se trouvait en queue du peloton européen en ce qui concerne l’interdiction du tabac dans les espaces publics. En mars dernier, une loi très stricte est entrée en vigueur faisant la joie des non-fumeurs et suscitant de nombreuses critiques de la part des fumeurs.
Parmi ses contestataires il y a eu même des députés, mécontents de se voir obligés de parcourir les longs couloirs du Palais du Parlement de Bucarest pour satisfaire leur vice dans les espaces en plein air spécialement aménagés à l’extérieur du bâtiment. Par conséquent, la Commission du Sénat, chargée de la santé, a proposé plusieurs amendements à la loi antitabac, des modifications qui doivent être débattues au cours de la session parlementaire qui vient de commencer. Bref, si ces amendements sont adoptés, il sera permis de fumer dans tout espace fermé, à condition que cela soit marqué par écrit.
Or, selon les récentes statistiques, 42.000 Roumains meurent chaque année à cause des maladies engendrées par le tabac, telles les maladies cardiovasculaires, les tumeurs malignes et les complications respiratoires. De même, plus de la moitié des adolescents de 16 ans ont fumé, au moins une fois, une cigarette, alors qu’un tiers d’entre eux fument quotidiennement. Dans ce contexte, les responsables de Bucarest se proposent de faire en sorte que le nombre des fumeurs diminue considérablement dans les deux prochaines décennies.
Lors d’une conférence à participation internationale, intitulée « 2035 — Le première génération sans tabac en Roumanie », le président Klaus Iohannis a plaidé pour la prévention comme priorité des politiques de santé. Klaus Iohannis : « Par la prévention, nous pouvons sauver des vies. En mettant aujourd’hui l’accent sur l’éducation dans le sens de la prévention, qui suppose aussi d’être conscients des risques associés au tabac, nous donnons aux futures générations la chance de vivre une vie meilleure et de choisir leur style de vie en connaissance de cause. »
A son tour, le ministre de la Santé, Vlad Voiculescu, a exhorté les députés de rejeter les modifications à la loi antitabac proposées par la commission du Sénat : « C’est un attentat à la santé de tous les citoyens – employés ou employeurs, clients des bars et restaurants ou serveurs, enfants ou adultes. Je fais donc confiance à la chambre décisionnelle qu’elle va corriger cette erreur. L’allègement des dispositions de cette loi ne peut pas produire des effets positifs sur la santé publique.»
En 2004, l’Irlande devenait le premier pays européen à interdire le tabac dans les espaces publics. Tous les pays voisins se demandaient alors comment les Irlandais allaient réussir à cesser de fumer dans leurs pubs si pleins de vie. Les Irlandais ont accepté la loi et s’y sont adaptés. Il en va de même pour les habitants d’autres pays du Vieux Continent. Pourquoi les Roumains y feraient exception ? L’expérience des autres a démontré que les conséquences économiques d’une mesure tellement sévère ne sont pas insurmontables. En revanche, les effets bénéfiques sur la santé des citoyens sont incontestables. (trad. Valentina Beleavski)