Le soutien de Bucarest à la République de Moldova
Bogdan Matei, 27.06.2019, 12:35
Le 27 août 1991, après l’échec du putsch néo-bolchevique de
Moscou, Chişinău proclamait son indépendance, la Roumanie étant le premier pays
au monde à la reconnaître. Ensuite, pendant près de trois décennies, Bucarest a
soutenu, politiquement, diplomatiquement et financièrement, la souveraineté, l’intégrité
et les aspirations européennes de son nouveau voisin, où vivent trois millions
de locuteurs de roumain, dont un million ont aussi la nationalité roumaine.
La
Roumanie s’est tout naturellement inquiétée du blocage politique produit au
cours de ce mois à Chişinău, où deux gouvernements parallèles revendiquaient
leur légitimité et s’accusaient réciproquement d’avoir usurpé le pouvoir. Bucarest
s’est donc félicité du dénouement pacifique de la crise et le plénum du
parlement bicaméral a adopté, mercredi, une déclaration de soutien au
gouvernement légitime de la République de Moldova, confirmé par le vote de
confiance du 8 juin dernier. Avec 270 voix pour, 3 contre et 16 abstentions,
les députés et sénateurs roumains demandent au gouvernement de Bucarest de
continuer à mettre en œuvre le Partenariat stratégique bilatéral avec l’Etat
voisin. Le président de la Commission de politique étrangère du Sénat, Cristian
Dumitrescu, explique : «Le document
exhorte les partis et les forces politiques au pouvoir ou dans l’opposition à
Chişinău, à collaborer dans l’action parlementaire et politique, en accord avec
les règles fondamentales de la démocratie. Il réaffirme et renforce le soutien
permanent de la Roumanie aux aspirations européennes de la République de Moldova
et attend un engagement ferme du gouvernement moldave pour la continuation du
parcours européen, à travers la mise en place de réformes structurales en
profondeur, à même de consolider et de développer la construction démocratique à
Chişinău et de rapprocher la République de Moldova de l’Union européenne. »
Mercredi, également, le président
Klaus Iohannis s’est entretenu par téléphone avec la première ministre et le
vice-premier ministre de la République de Moldova, les pro-européens Maia Sandu
et Andrei Năstase, ainsi qu’avec le président socialiste pro-russe, Igor Dodon.
Ces échanges téléphoniques ont eu lieu après que, au sommet européen de la
semaine dernière, les dirigeants européens, à l’initiative du président Iohannis,
avaient salué le transfert pacifique du pouvoir à Chişinău, se déclarant
d’accord avec la consolidation du
soutien de l’UE pour la République de Moldova sur la base de mesures concrètes.
La première ministre moldave Maia Sandu a d’ailleurs décidé d’effectuer sa
première visite à l’étranger le 2 juillet à Bucarest, bien qu’elle ait annoncé
antérieurement Bruxelles comme destination d’un premier voyage officiel. Les
commentateurs remarquent aussi que même le président Igor Dodon a surmonté ses
préjugés politiques et géopolitiques, exprimant sa reconnaissance pour le
soutien au développement de sa république, ainsi que le souhait de continuer le
Partenariat bilatéral avec la Roumanie, qui est le principal partenaire commercial
de Chişinău. (Trad. : Ileana Ţăroi)