Le scandale des désinfectants
Quelques mois seulement après l’incendie meurtrier de la discothèque bucarestoise Colectiv, qui a fait 64 morts et soulevé de nouvelles questions au sujet des défaillances du secteur médical de Roumanie, un autre scandale secoue le ministère de la Santé. Une enquête menée par les journalistes de la publication Gazeta Sporturilor (La gazette des sports) a révélé que les produits désinfectants provenant du principal fabricant et fournisseur des hôpitaux de Roumanie auraient une teneur beaucoup plus faible en substance active que celle mentionnée sur les étiquettes.
Mihai Pelin, 05.05.2016, 13:57
Les vérifications effectuées par les autorités dans les établissements de santé à travers le pays montrent que dans 95% des cas les solutions de désinfection mises à la disposition des personnels médicaux sont efficaces. De plus, le ministre du domaine, Patriciu Achimaş-Cadariu, a assuré qu’il n’y avait rien à craindre pour la sécurité des patients.
Toutefois, l’enquête est loin de prendre fin. Comme la Roumanie n’a pas pour l’instant les moyens de procéder à l’analyse physico-chimique des désinfectants, le premier-ministre Dacian Cioloş a demandé au ministre du domaine d’y trouver une solution et ce dans les plus brefs délais. Entre temps, le Parquet général mène sa propre enquête sur cette affaire. Pour le moment, sur les quelque 3.500 échantillons prélevés dans 300 hôpitaux du pays, moins de 5% se sont avérés non conformes. Alors que certaines voix des personnels médicaux ont mis en cause ces résultats, Patriciu Achimaş-Cadariu a expliqué comment avaient été effectués les tests : L’analyse a été réalisée tant dans les laboratoires des unités sanitaires et des directions de santé publique, que dans des laboratoires privés. On a vérifié si les désinfectants utilisés produisaient l’effet escompté, soit l’anéantissement des microorganismes présents sur les mains, les objets et les différentes surfaces.
La compagnie pharmaceutique pointée du doigt fournit des solutions de désinfection à plus de 350 hôpitaux de Roumanie, ses produits antiseptiques étant utilisés dans plus des 2.000 blocs opératoires. Ces antiseptiques servent à la désinfection des mains, à la stérilisation des instruments de chirurgie, au nettoyage de tous les espaces, depuis les salons jusqu’aux unités de soins intensifs. Les représentants de la compagnie en question affirment avoir interrompu la livraison de ces substances, démarré une enquête interne pour élucider ce scandale et envoyé en Allemagne, pour y être analysés, des échantillons prélevés sur plusieurs lots de produits.
Conséquence immédiate de ces contrôles, les directeurs des hôpitaux, pourront désormais suspendre l’utilisation des antiseptiques qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. Selon un rapport élaboré en 2014 par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, la Roumanie se situait en tête du classement pour ce qui est de la résistance à tout traitement des bactéries responsables des infections nosocomiales. Enfin, 5% des 3,8 millions de patients admis annuellement dans les hôpitaux de Roumanie sont des enfants.