Le rapport de la Banque Nationale de Roumanie sur l’inflation
La Banque nationale de Roumanie revoit ses estimations sur l’inflation à la hausse pour la fin de l'année 2025.
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Leyla Cheamil, 18.02.2025, 11:50
La Banque nationale de Roumanie (BNR) a révisé à la hausse ses prévisions d’inflation pour la fin de l’année, anticipant désormais un taux de 3,8 % contre 3,5 % dans son précédent rapport trimestriel. Selon le gouverneur de l’institution, Mugur Isărescu, aucune pression inflationniste majeure n’est attendue au cours du premier semestre, les variations actuelles étant essentiellement le résultat de chocs antérieurs. Il a notamment évoqué l’augmentation des taxes indirectes en janvier 2024 ainsi que la baisse des prix du gaz naturel et des produits alimentaires non transformés au deuxième trimestre de l’an dernier. À plus long terme, la banque centrale projette un taux d’inflation de 3,1 % d’ici la fin de 2026.
Mugur Isărescu : « La Roumanie entre dans une phase de déficit de la demande, et nous verrons comment la situation évolue. L’essentiel est de veiller à ce que cette dynamique, en lien avec les politiques fiscale et monétaire, ne mène pas à une récession. Si la croissance repose principalement sur l’investissement, en particulier grâce à l’absorption des fonds européens, nous pensons pouvoir éviter ce scénario et maintenir une inflation en baisse. Ce ne sera pas une croissance spectaculaire, mais il s’agira tout de même d’une croissance. » a déclaré le gouverneur de la BNR.
Un équilibre délicat à trouver
Le gouverneur a tenu à dissiper l’idée selon laquelle la Roumanie aurait enregistré le taux d’inflation le plus élevé de la région en 2023. Comparée à des économies similaires comme la République tchèque, la Pologne et la Hongrie, la Roumanie a en réalité affiché l’un des niveaux d’inflation les plus bas. La Hongrie a atteint un pic de près de 25 %, suivie par la Pologne, tandis que la Roumanie s’est même légèrement située en dessous de la République tchèque. Il a toutefois reconnu que la baisse de l’inflation a été plus progressive dans le pays.
Un contexte international incertain
Concernant les risques qui pèsent sur la trajectoire de l’inflation, Mugur Isărescu a mis en garde contre les nombreuses incertitudes géopolitiques. Il a notamment mentionné les évolutions en Arabie saoudite, les discussions sur l’Ukraine entre l’administration Trump et la Russie, ainsi que le sommet européen de Paris consacré à ce même dossier. Par ailleurs, il a confirmé que les mesures de réduction du déficit budgétaire mises en œuvre par la coalition gouvernementale actuelle accentueraient la période de déficit de la demande. Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité d’une coordination efficace entre les politiques fiscale et monétaire afin d’éviter une récession.
Une plus grande flexibilité du taux de change
La Banque nationale envisage également d’accorder davantage de flexibilité au taux de change cette année. Mugur Isărescu a ainsi indiqué que le leu roumain pourrait connaître une légère dépréciation, franchissant potentiellement la barre des 5 lei pour un euro. Toutefois, il a tenu à rassurer en affirmant que, une fois les tensions politiques internes apaisées, le leu restera un pilier de stabilité pour l’économie roumaine, la BNR maintenant une approche souple mais vigilante quant à l’évolution du taux de change.