Le PSD, point à la ligne
Bogdan Matei, 24.09.2018, 12:53
C’est une paix fragile qui s’est installée au sein du Parti social-démocrate (PSD), premier violon
du gouvernement de gauche de Bucarest, après que son leader, Liviu Dragnea, a
remporté haut la main le vote de confiance de ses collègues du Comité exécutif
du parti. La réunion avait été précédée d’une lettre ouverte dans laquelle
plusieurs poids-lourds sociaux-démocrates avaient exigé la démission de M.
Dragnea de ses fonctions de président du parti et de la Chambre des députes.
La
maire générale de la capitale, Gabriela Firea, le vice-premier ministre, Paul
Stănescu, et l’ancien ministre de la défense, Adrian Ţuţuianu, y faisaient un
véritable réquisitoire où ils affirmaient que la situation juridique de Liviu Dragnea était devenue la vulnérabilité
majeure du PSD, avant les élections européennes et présidentielles de l’année
prochaine et les scrutins municipal et législatif de 2020. Les signataires de la lettre ouverte
demandaient également que la première ministre Viorica Dancilă, qui est
aussi présidente exécutive du PSD, assure l’intérim à la tête du parti, en
attendant la convocation d’un congrès extraordinaire. Condamné déjà à une peine
de prison avec sursis dans une affaire, Liviu Dragnea
attend actuellement le verdict possiblement définitif de la Haute cour de
justice et de cassation dans une autre affaire. Ces dossiers seraient
préfabriqués pour des raisons politiques et instruits sans aucun
professionnalisme, affirme l’homme fort du pouvoir, qui croit aussi que cela
pourrait arriver à tout Roumain lambda.
Conforté par le vote au Comité
exécutif, M. Dragnea a exprimé le souhait qu’il n’y ait plus de réunions de la
direction des sociaux-démocrates dont l’agenda ne contienne des sujets
importants. En revanche, Gabriela Firea, la plus vocale et la plus visible de
ceux qui contestent M. Dragnea, trouve que la grande réussite de la réunion de
vendredi est l’échange ouvert, en toute sincérité et avec des arguments
logiques, pour la première fois au sein du PSD. Les sociaux-démocrates roumains
affirment maintenant d’une seule voix que les deux semaines précédant le
référendum sur la redéfinition de la famille, les 6 et 7 octobre, référendum soutenu par
le PSD et par la plupart des autres partis parlementaires, devraient s’écouler dans
une parfaite entente.
Ce n’est qu’après ces dates que pourrait se poser la
question d’un éventuel remaniement du Cabinet Dăncilă, excellente occasion,
remarquent les commentateurs, de faire payer au vice-premier ministre Paul
Stănescu sa fronde en le poussant vers la sortie. Les mêmes commentateurs
rappellent aussi que le 8 octobre, au lendemain du référendum, le leader du PSD
est convoqué à une nouvelle audience, peut-être décisive, dans le procès en
cours à la Haute Cour de Justice et de Cassation. De l’avis de l’ancien
président de la Roumanie et actuel sénateur du petit Parti du Mouvement
populaire, d’opposition, Traian Băsescu, « Firea, Stănescu et Ţuţuianu ont
un grand mérite: ils ont offert à l’opposition et à la presse un document
politique signé, qui permet d’attaquer le PSD à longueur de journée et qui a
fragilisé Dragnea au maximum ». Mince consolation, ironisent les
médias, pour les trois partis de l’opposition de droite : le Parti national libéral (PNL), l’Union Sauvez la Roumanie (USR) et
le Parti du Mouvement populaire (PMP), toujours incapables de se mettre d’accord même sur le moment de déposer
une motion de censure contre le gouvernement Parti social-démocrate – Alliance des libéraux et des démocrates. (Trad. : Ileana Ţăroi)