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Depuis 18 mois, les Roumains participent à des protestations à Bucarest et dans les grandes villes du pays, ainsi que dans les principales capitales européennes où vivent d’importantes communautés roumaines. Les protestataires déplorent notamment la tentative de la coalition au pouvoir installée suite au scrutin de 2016 de subordonner la Justice et de freiner la lutte contre la corruption. Dès le début de ces mouvements, le PSD promet de tenir une grande manif en sa faveur.
Ştefan Stoica, 05.06.2018, 13:28
Après quelques hésitations, liées notamment à la date et au thème du rassemblement, la direction des sociaux-démocrates a annoncé par la voix de son président Liviu Dragnea, que la manif pro- PSD se déroulera ce 9 juin. Liviu Dragnea affirme: «Nous organisons ce meeting pour montrer que nous sommes décidés d’aller jusqu’au bout, pour que la Roumanie puisse devenir un pays démocratique où les libertés et les droits fondamentaux des citoyens soient pleinement respectés. Nous y attendons tous ceux qui souhaitent vivre dans un pays libre, dans un pays dont les institutions ne soient pas placées sous la terreur, dans un pays où il sera impossible qu’une structure illégitime parasite les institutions publiques et influence les décisions » a martelé le poids-lourd social-démocrate.
Le thème de la réunion sera donc la Justice. Les sociaux-démocrates critiquent ce qu’ils appellent l’Etat parallèle, une structure illégitime, souterraine, au sein de laquelle les politiciens, les procureurs et les services secrets collaboreraient pour compromettre par le biais de différentes campagnes d’intoxication, d’abus et de dossiers contrefaits tous ceux qu’ils jugent indésirables. M Dragnea affirme par ailleurs, que la manif du 9 juin ne serait pas en rapport avec le verdict que le chef du PSD, déjà condamné avec sursis pour tentative de fraude électorale, attend ce 8 juin dans un dossier d’instigation à l’abus de fonction.
De son côté, l’opposition- par la voix du PNL- souhaite répliquer au PSD par des actions en faveur d’une motion de censure que les libéraux ont déposée contre la coalition PSD – ALDE. Le président du PNL, Ludovic Orban « Nous nous adressons à tous les citoyens roumains qui en ont assez du PSD et qui se rendent compte que ce parti se moque du pays et détruit les chances des Roumains de mener une vie meilleure. Nous les appelons à participer à des protestations aux côtés des membres et des sympathisants de notre parti ».
Dans cette démarche, les libéraux sont encouragés par plusieurs figures socio-démocrates qui ont choisi de déserter de leur propre parti suite à la manière autoritaire dont Liviu Dragnea le gère. Malgré sa main de fer, le parti risque le naufrage, déplorent les quelques anciens élus nationaux sociaux-démocrates regroupés désormais autour de l’ex leader et ancien premier ministre social-démocrate Victor Ponta.
Et ce n’est pas tout, puisqu’une crise constitutionnelle pourrait se superposer à ce contexte politique compliqué. Saisie par le ministre de la Justice, la Cour Constitutionnelle de Roumanie demande au président Klaus Iohannis de révoquer de ses fonctions la cheffe du parquet anticorruption, Laura Codruta Kovesi. Il s’agit d’une décision difficile à expliquer et surtout inédite parce que la Cour donne carrément des instructions au chef de l’Etat, du jamais vu, selon nombre de commentateurs politiques. En attendant la motivation de la décision du tribunal constitutionnel, des angoisses font surface au sujet notamment de l’avenir de la Justice et de la lutte contre la corruption. (Alexandru Diaconescu)