Le Parlement européen soutient l’intégration de Bucarest à Schengen.
Roxana Vasile, 19.10.2022, 11:17
Les
autorités de Bucarestont salué la
résolution adoptée mardi, par le Parlement européen qui soutient à une large
majorité de voix, l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à Schengen. C’est
la quatrième résolution en ce sens que l’Assemblée législative européenne a
votée. Soutenu par tous les eurodéputés roumains, le document s’est heurté à l’abstention
des parlementaires européens du parti du premier ministre néerlandais, Mark
Rutte et même au rejet de la part de l’un d’entre eux. Une prise de position
prévisible. La résolution de mardi n’est pas contraignante, mais elle accroît
la pression sur les États membres de l’UE pour qu’ils accueillent ces deux pays
dans l’espace Schengen. L’adhésion de nouveaux pays à Schengen nécessite donc,
une décision unanime du Conseil de l’UE. Malheureusement, les Pays Bas continuent à
être réservés quant à l’admission de Bucarest et de Sofia à la zone de libre
circulation des personnes et des marchandises. Selon eux, une telle adhésion
devrait se faire en étroit lien avec la réforme de la justice et le respect de
l’Etat de droit. Du coup, quelle est donc l’importance du vote de mardi, au
Parlement européen? Silviu Nate, maitre de conférence à l’Université Lucian
Blaga de Sibiu et chef du Centre pour les Etudes globales explique:
On remarque un soutien très important de la
part du Parlement européen, ce qui est une bonne nouvelle et c’est à partir de
cette nouvelle que nous devrions examiner notre projet d’adhésion à Schengen.
Les Pays Bas se montrent réticents quant à notre capacité de gérer les flux d’immigration
illégale ou d’autres risques transnationaux. Sauf que la Roumanie a déjà prouvé
lors des précédentes vagues de réfugiés du Moyen Orient ou encore d’Ukraine qu’elle
est capable de se débrouiller parfois mieux que d’autres pays déjà membres
Schengen. Après, on invoque aussi certains aspects en rapport avec le respect
de l’Etat de droit qui, une fois de plus, ne s’appliquent pas dans le cas de la
Roumanie.
Du
coup, une question s’impose: pourquoi les Pays Bas ne veulent pas de la
Roumanie au sein de l’Espace Schengen? Silviu Nate opine:
L’admission
à Schengen produit une série d’avantages géopolitiques et économiques pour le
pays en question. Or, il est connu le fait que la Roumanie a des capacités
importantes de production agricole et donc, elle pourrait faciliter les
exportations de céréales, y compris d’Ukraine. Et les mauvaises langues disent
que les Pays Bas ne veulent pas se battre avec d’autres pays pour conserver
intacte les dimensions économiques du port de Rotterdam. Bien sûr, on ne peut
pas accusé les Pays d’utliser leur droit de véto à des fins personnelles, mais
on ne saurait ignorer une certaine ambiguïté dans les déclarations des responsables
néerlandais qui contrastent avec la position unanime des autres pays
communautaires.
Techniquement,
la Roumanie est prête depuis 2011 à intégrer l’Espace de libre circulation, un
aspect reconnu par d’autres pays, initialement réticents tels la France ou l’Allemagne.
Mais, il faudrait attendre que le Conseil de l’UE se réunisse le 8 décembre
pour savoir ce qui nous reste à faire.