Le gouvernement roumain entre restructuration et motion de censure
En Roumanie, la bataille politique se livre désormais au Parlement, avec pour enjeu le cabinet minoritaire dirigé par la sociale-démocrate Viorica Dăncilă. Le sort de ce gouvernement est incertain après que l’Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE) eut quitté la coalition au pouvoir.
Ştefan Stoica, 10.09.2019, 12:50
En Roumanie, la bataille politique se livre désormais au Parlement, avec pour enjeu le cabinet minoritaire dirigé par la sociale-démocrate Viorica Dăncilă. Le sort de ce gouvernement est incertain après que l’Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE) eut quitté la coalition au pouvoir.
Suite aux pressions du président du pays et de l’opposition, laquelle, en invoquant la Constitution soutient que le changement de la donne impose le vote de confiance du Législatif, le Parti social-démocrate (PSD) a décidé de s’y conformer. Ainsi Viorica Dăncilă a-t-elle fait savoir qu’elle envisageait de demander le vote de confiance du Parlement, tout en assurant ne pas craindre que celui-ci soit négatif. La première ministre a également précisé que le parti n’avait pas pour l’instant décidé si l’Exécutif serait restructuré ou remanié. Selon la variante de la restructuration, la nouvelle formule gouvernementale devrait être plus souple, avec seulement 19 portefeuilles ministériels et le poste de premier ministre.
Une preuve de plus que la Loi fondamentale n’offre pas de solutions claires aux crises politiques c’est le fait souligné par Viorica Dăncilă, à savoir que même si elle souhaite obtenir le vote de confiance du Parlement, au cas où cela n’arriverait pas, le gouvernement ne tomberait pas. Le vote contre la restructuration ne conduit pas à la démission du cabinet. Ce vote devrait être renforcé et complété par une motion de censure, a attiré l’attention Raluca Turcan, premier vice-président du Part national libéral (PNL), principale formation politique de l’opposition.”Ce cabinet manque de légitimité. Il ne sait ni ne peut gouverner et il a de graves problèmes liés à l’intégrité et à la performance des ministres. Voilà pourquoi il faut faire en sorte que son activité cesse”, a-t-elle déclaré. Et elle d’ajouter qu’il y a un engagement ferme en ce qui concerne la signature de la motion de censure que le PNL promet d’initier.
Les libéraux en ont discuté avec l’Union Sauvez la Roumanie (USR), le Parti du mouvement populaire(PMP), avec l’ALDE, avec Pro România, avec l’Union démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR) ainsi qu’avec les représentants des minorités nationales. Toutes ces formations politiques ont donné des signaux favorables, déclarent les libéraux. L’USR et son allié non parlementaire, PLUS (Parti de la liberté, de l’unité et de la solidarité), dirigé par l’ex premier ministre technocrate Dacian Cioloş, trouvent que le gouvernement social-démocrate n’a plus la crédibilité ni la légitimité lui permettant de proposer des changements de structure ou de composition. Cioloş et le président de l’USR, Dan Barna, insistent sur la nécessité d’organiser des élections anticipées. Ils précisent que cela serait possible vers le milieu de l’année prochaine, en même temps que les élections locales, dans les conditions où les législatives sont prévues à l’automne 2020.
L’Alliance USR – PLUS propose au chef de l’Etat, au PNL, à l’UDMR, au groupe des minorités nationales, à Pro România et à l’ALDE un pacte pour les élections anticipées, a fait savoir Dan Barna. Les cabinets PSD — ALDE qui se sont succédé en l’espace de près de trois ans, ont résisté devant toutes les motions de censure déposées par l’opposition. Par un geste politique sans précédent dans la démocratie post-communiste, le PSD a limogé son propre cabinet au motif qu’il désobéissait à l’ancien leader autoritaire Liviu Dragnea, lequel purge actuellement une peine de prison ferme pour corruption.
Un simple calcul montre que les chances du cabinet Dăncilă de s’en sortir sont minimes, mais rien n’est sûr quand il s’agit de la politique roumaine. (Trad.Mariana Tudose)