Le gaz comme une arme
Daniela Budu, 27.07.2022, 11:26
La pénurie de carburant gagne de plus en plus du terrain
et porte atteinte aux économies mondiales qui se retrouvent menacées de la
récession. L’Europe cherche donc des solutions et adopte des décisions
importantes. Parmi elles, celle de mardi quand les Etats membres ont décidé de
se coordonner pour réduire la consommation nationale de gaz à partir du 1 août,
afin de pouvoir agrandir leurs stocks au cas où la Russie décide une
interruption totale de ses livraisons.
Selon le dernier rapport de la
Commission européenne, presque la moitié des pays européens est impactée par
une suppression totale ou partielle du gaz russe. En juin 2022, le volume de gaz
acheminé par la Russie vers l’Europe était de 30% en dessous de la moyenne des
5 dernières années. L’accord signé mardi, à Bruxelles prévoit que chaque pays fasse
tout son possible pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, sa
consommation nationale de gaz d’au moins 15%. Les pays qui ne sont pas reliés
aux réseaux gaziers de l’UE seraient exemptés. Par ailleurs, les pays disposant
d’importants volumes de gaz en stock d’ici août et les États exportant vers
d’autres pays, tel que l’Espagne, pourraient voir leurs objectifs revus à la
baisse. Madrid réduira sa consommation de seulement 7%.
Considéré comme le plus
grand consommateur de gaz d’Europe, l’Allemagne a salué les efforts coordonnés
des partenaires européens, en affirmant que l’Union restera solidaire devant la
décision de Moscou de diminuer ses livraisons de gaz. Seule la Hongrie a fait
figure à part et s’est opposée à la décision de Bruxelles, qu’elle considère comme
non justifiée, inutile, impossible à mettre en place et contraire aux intérêts
nationaux. Budapest explique ses propos en affirmant que la sécurité de l’approvisionnement
énergétique est une question en rapport avec la responsabilité des
gouvernements nationaux européens.
Pour sa part, Kiev affirme que « la guerre du gaz »
que le président Poutine a déclarée à l’Europe n’est en fait qu’une poursuite de
la guerre d’Ukraine et donc, la seule solution reste l’indépendance totale
envers le gaz russe. Entre temps, Gazprom continue à diminuer ses livraisons
via le gazoduc Nord Stream. D’ailleurs, le leader du Kremlin affirmait
récemment que son pays envisageait une baisse de 50% des quantités de gaz à
destination d’Europe.
Face à la décision de Bruxelles, la Roumanie tient à rassurer
les consommateurs individuels, les entreprises, les services sociaux et les industries.
Les mesures supplémentaires qui seront mises en place pour réduire la
consommation ne leur porteront pas atteinte, dit le gouvernement selon lequel,
le pays a déjà suffisamment de réserves de gaz et ses stocks seront pleins à
80% d’ici le 1 novembre, selon la volonté européenne.