Le dossier des minorités ethniques reste à l’ordre du jour des relations roumano-ukrainiennes.
LUkraine et les langues des minorités nationales
Bogdan Matei, 11.12.2023, 13:25
L’Ukraine et les langues des minorités
nationales
Après s’est déclarée indépendante par rapport
à la défunte Union soviétique en août 1991, l’Ukraine a longtemps gardé par la
suite une attitude bivalente concernant ses nombreuses minorités nationales.
D’une part, au niveau individuel, le statut de minorité ethnique n’est pas un
obstacle à l’ascension sociale. D’ailleurs, le président Volodymyr Zelensky est
juif, alors que le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umarov, est Tatar,
sans oublier les racines coréennes du gouverneur de la région de Mykolaïv,
Vitaly Kim. Par contre, la classe politique de Kiev s’est montrée plutôt réticente
quant aux droits collectifs des minorités nationales. Les plaintes à ce sujet
sont nombreuses, émanant tant de l’intérieur du pays que de la part des
partenaires extérieurs.
Une nouvelle approche aux minorités
Les experts estiment que c’est à peine l’octroi
du statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union Européenne qui a contraint
l’Ukraine à assouplir sa position à ce sujet, étant donné que le respect des
droits des minorités est une valeur essentielle de l’espace communautaire. Or,
la protection des droits des personnes appartenant aux minorités nationales est
importante pour un Etat ukrainien démocratique et européen – a réaffirmé la
ministre des Affaires étrangères de la Roumanie voisine, Luminiţa Odobescu,
dans une déclaration conjointe avec la vice-première ministre chargée de
l’intégration européenne et euro-atlantique, Olha Stefanichyna. Cette
déclaration intervient après que le Parlement ukrainien a adopté un acte
normatif par lequel plusieurs lois concernant les droits des minorités
nationales sont révisées.
« Le
projet de loi proposé par les autorités de Kiev pour modifier la législation
pertinente est un pas en avant positif et une démarche salutaire » – a déclaré
la ministre Luminiţa Odobescu. Et elle d’ajouter que la partie roumaine
continuera à avoir une approche transparente et constructive de cette question.
Un dialogue avec les minorités
Pour
sa part, Olha Stefanichyna a déclaré que la législation sur les minorités nationales
avait été élaborée pour inclure un dialogue avec elles.
« Nous sommes reconnaissants à la
minorité roumaine qui s’est impliquée dans l’ensemble du processus et aux
collègues du gouvernement roumain qui ont partagé avec nous la législation et
les bonnes pratiques ici. (…) En Ukraine, nous avons des milliers d’enfants
qui bénéficient d’une éducation en roumain. Désormais, ce groupe sera plus
grand. L’Ukraine a décidé de reconnaître la langue roumaine comme langue de la
République de Moldova ». Ainsi, Olha Stefanichyna a-t-elle rappelé la
décision de Kiev d’invalider définitivement le faux soviétique concernant
l’existence d’une langue moldave différente de la langue roumaine.
Plus de
400 000 Roumains vivent dans le pays voisin, la plupart d’entre eux dans le
nord de la Bucovine, le nord et le sud de la Bessarabie et la province de
Herța, des territoires roumains annexés en 1940, à la suite d’un ultimatum, par
l’Union soviétique et repris, en 1991, par l’Ukraine en tant qu’Etat successeur
de l’Union soviétique. Après le début de l’invasion russe l’année dernière, de
nombreux Roumains sont allés au combat sous le drapeau ukrainien et beaucoup
d’entre eux y ont perdu la vie.