Le discours du président Klaus Iohannis au Parlement de Bucarest
La Roumanie traverse une crise, a déclaré le président Klaus Iohannis devant le Parlement, et celui qui en est responsable, c’est le gouvernement PSD – ALDE. Qui a modifié de manière intempestive, par le biais d’un décret d’urgence, les Codes pénal et de procédure pénale, ce qui contrevient aux recommandations des principales institutions judiciaires. Et le président de rappeler que cette mesure a suscité d’amples protestations de rue, qui ont finalement forcé le gouvernement à abroger ledit décret. A la question de savoir si cela suffit pour détendre la situation, le chef de l’Etat a répondu par la négative. Selon lui, la solution à cette crise devrait être trouvée par ceux qui l’on générée.
Ştefan Stoica, 08.02.2017, 16:06
« L’abrogation du décret n°13 et un éventuel limogeage du ministre de la Justice ne sont pas suffisants.
D’autre part, convoquer des élections anticipées serait excessif pour le
moment. A qui d’y trouver une solution? Mais bien sûr qu’à celui qui est à
l’origine de ce problème, à savoir le PSD. Vous avez gagné, maintenant
gouvernez et légiférez, mais pas n’importe comment. », a martelé le président Iohannis.
Le gouvernement se doit de travailler de manière transparente et prédictible, a-t-il lancé, en poursuivant que le Parlement doit élaborer des lois dans l’intérêt du pays et non pas d’une poignée de politiciens qui ont maille à partir avec la justice. Dans un exercice de rhétorique qui a pu surprendre par son éloquence, le président a en fait montré la voie à suivre par la société roumaine.
« Quelle nation voulons-nous être ? Une nation forte et prospère, qui édifie un Etat de droit et le respecte, ou, au contraire – une nation faible, méprisée, qui met tout en jeu pour tirer du pétrin quelques-uns de ses citoyens? », al lancé le chef de l’Etat.
Une question fondamentale à laquelle vont répondre les Roumains par le référendum auquel ils seront convoqués pour se prononcer au sujet de la lutte anti-corruption et de l’intégrité de la fonction publique. Ayant du mal à digérer les critiques sévères formulées par le président à l’égard de l’Exécutif, les élus de la majorité de gauche ont quitté la salle du plénum. Les leaders des deux Chambres ont sans doute eu le même ressenti, mais, protocole oblige, Călin Popescu Tăriceanu, président du Sénat et chef de file des libéraux et démocrates, et Liviu Dragnea, président de la Chambre des députés et numéro 1 du PSD, ont écouté le discours jusqu’à la fin. De l’avis de leurs adversaires politiques et de certains analystes sans étiquette, Liviu Dragnea serait le principal bénéficiaire d’éventuelles dépénalisations partielles opérées dans la loi pénale par le décret d’urgence vivement décrié. Et c’est toujours Dragnea qui a reproché au chef de l’Etat de ne pas respecter son rôle de médiateur.
« Je suis tout à fait d’accord que les
élections anticipées ne représentent pas une solution et j’ai compris le
message du président qui exhorte le gouvernement à être fort et performant. Et
c’est justement en ce sens qu’à mon tour j’appelle le président à laisser le
cabinet tranquille pour qu’il puisse gouverner. », a déclaré Liviu Dragnea.
Călin
Popescu Tăriceanu, s’est dit lui aussi déçu par le discours du président Klaus
Iohannis.
« En ce moment tendu, de crise, je m’attendais à ce que, avec la sagesse dont tous les leaders politiques devraient faire preuve, le président trouve la voie vers le dialogue, vers l’apaisement, car il y est question d’un intérêt s’élevant au dessus de tout parti-pris. », a déploré Călin Popescu Tăriceanu.
Le Parti national libéral et l’Union Sauvez la Roumanie, les deux favorables au président Klaus Iohannis, ont salué le discours de ce dernier, estimant qu’il correspondait aux attentes de plusieurs millions de Roumains. En ce qui le concerne, le Parti du Mouvement populaire, dirigé par l’ancien président du pays, Traian Băsescu, a plaidé en faveur du dialogue entre toutes les forces politiques. Entre temps, les manifestations de rue ont continué – aussi bien celles antigouvernementales, plus amples et plus fortes, que celles contre le chef de l’Etat. Témoignages d’une démocratie vivante, le président Klaus Iohannis les a saluées comme telles dans son discours devant le Législatif. (Trad. Mariana Tudose)