Le certificat vert numérique, en débat au Parlement
Ştefan Stoica, 17.11.2021, 10:38
A l’heure où l’on
parle, 7 millions de Roumains sont vaccinés au schéma complet contre le
coronavirus. Un chiffre insuffisant par rapport à la moyenne des Etats-membres
de l’UE et à l’objectif initial des autorités, qui s’étaient proposées de
vacciner 10 millions de personnes avant le 1er septembre dernier. Le
rythme très lent de l’immunisation et le relâchement prématuré des
restrictions, cet été, tout cela a exposé la Roumanie à une 4e vague
dévastatrice de la pandémie, avec des milliers d’infectons quotidiennes et des
centaines de décès quotidiens.
Au moment où la
situation s’est détériorée au point de perdre le contrôle, les autorités ont imposé
de nouvelles restrictions, notamment aux personnes non vaccinées. La peur de tomber
malades, mais surtout l’impossibilité d’avoir accès aux galeries marchandes et
aux restaurants sans un pass sanitaire – voici quelques aspects qui ont
déterminé de nombreux Roumains à se faire immuniser cet automne. La campagne de
vaccination a donc été ressuscitée, les centres fermés ont rouvert et les
choses semblaient aller bon train pendant quelques semaines. Y a contribué sans
doute l’introduction au Parlement d’une loi réglementant l’utilisation du certificat
vert numérique au travail, sur le modèle d’autres pays européens, tels l’Italie,
la France ou la Grèce, qui ont imposé de telles normes à certaines catégories
de salariés ou à tous les employés du système public et privé. C’est le cas en Italie,
par exemple.
A Bucarest, le
projet rendant obligatoire le certificat vert numérique au travail a été d’abord
rejeté par le Sénat. Résultat : la campagne de vaccination a ralenti de nouveau.
La classe politique a donc promis d’adopter le projet à la Chambre des députés,
y enlevant toute suspicion de discrimination, invoquée par l’opposition sociale-démocrate
et ultra-nationaliste au moment du vote au Sénat. Désormais, le document traine
toujours sur la table des députés, alors que les amendements qui y ont été
apportés s’étalent sur une quarantaine de pages. Le chef de la commission de
Santé et ancien ministre libéral de la Santé, Nelu Tataru, avoue que le retard
de l’adoption de cette loi a un impact négatif sur le taux de vaccination.
A la différence du
Parti Social-Démocrate (PSD), qui aimerait inclure une période de grâce de deux
mois pour les salariés non vaccinés et assurer entre temps des tests gratuits des
personnels, le Parti National Libéral (PNL) demande un délai de 30 jours
seulement. Par ailleurs, les libéraux considèrent comme inacceptable la proposition
de l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR) d’accepter les tests d’anticorps,
dont ils contestent la relevance scientifique. Le PNL propose aussi que les
salariés qui refusent la vaccination et sont infectés au coronavirus payent de
leur propre poche une éventuelle hospitalisation.
Le social – démocrate
Alexandru Rafila, représentant de la Roumanie à l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), affirme de son côté qu’une telle mesure ne ferait qu’accentuer certains problèmes,
dont la présentation tardive à l’hôpital des personnes infectées, alors que celles-ci
devraient être encouragées à se rendre à l’hôpital aux premiers symptômes.
Pour sa part, l’Union
Sauvez la Roumanie (USR) demande que les débats soient accélérés et que les
mesures concernent aussi les parlementaires et les personnes occupant des fonctions
publiques.
Avec une
couverture vaccinale assez faible mais meilleure que celle de la Roumanie, l’Autriche
a imposé la quarantaine pour les personnes non vaccinées. L’Europe Occidentale est
déjà confrontée à ce que les spécialistes appellent la 5e vague de la pandémie,
mais ces pays ont déjà une couverture vaccinale de 80% de leur population,
comme c’est le cas de la France, des Pays Bas ou de la Grande Bretagne. Du coup,
le nombre des décès causés par la Covid y est très bas. (Trad. Valentina Beleavski)